Pasar al contenido principal
15/11/2006

Agences internationales de développement et secteur privé à l'assaut de la Colombie

Fait troublant : tandis que les mégas-projets de développement qui devraient miraculeusement sortir les économies du sud de la torpeur pullulent, les conditions de vie des populations ne font qu'empirer, et les violations de droits humains augmenter. Prenons l'exemple d'un secteur cher au Canada : les mines. En effet, la majorité des compagnies minières transnationales sont enregistrées dans ce pays.

L'exploitation minière

a de nombreux impacts, tant d'un point de vue humain qu'environnemental. Dans un premier temps, une guerre de contrôle du territoire s'opère pour obtenir -illégalement- les droits d'exploitation, et une fois l'exploitation démarrée, les " effets collatéraux " sont la pollution du fleuve et du bassin hydraulique alentour et le déplacement de la population de la région, qui parfois finira même par se tuer au travail pour des salaires de misère dans ces mêmes mines développées sur leur territoire ainsi usurpé. Pour obtenir les terres sur lesquelles ces compagnies envisagent de développer leurs exploitations, celles-ci n'hésitent pas à utiliser la stratégie paramilitaire dont le signe distinctif est l'usage généralisé et systématique de la terreur contre les populations civiles, cela avec la complicité de l'Etat. De nombreux acteurs publics et privés sont impliqués dans la promotion du secteur minier, notamment pour convaincre le monde que l'exploitation des mines apporte le " développement " aux populations locales. Or l'expansion des projets miniers est étroitement liée aux violations des droits humains dans certaines régions riches en ressources naturelles. Les populations autochtones sont affectées par les activités des multinationales et leur consultation est presque toujours inexistante, voir manipulée.

Banque Mondiale

Le Groupe de la Banque Mondiale -incluant la Société financière internationale (SFI) et l'Agence multilatérale des garanties et des investissements (AMGI)- est largement impliqué dans le secteur privé et celui-ci a ainsi joué un rôle prépondérant dans la mise en place de la nouvelle législation minière dans de nombreux pays dont les dispositions favorisent l'expansion des projets miniers des multinationales. En 1996, pendant la période de réformes, la SFI a consacré 643 millions de dollars étatsuniens aux projets miniers et 22 % des assurances fournies par l'AMGI sont allées à ces mêmes projets miniers. Ce n'est pas un hasard si entre 1992 et 2001, les investissements du Canada dans le secteur minier à l'étranger ont augmenté de 27,8 milliards à 86 milliards de dollars canadiens.

L'Agence Canadienne de Développement Internationale (ACDI)

a également été impliquée dans les réformes législatives concernant les mines et particulièrement en Colombie dans le but de favoriser les investissements étrangers -précisément canadiens- dans le pays. En collaboration avec le Ministère colombien des mines, l'Institut canadien de recherche en énergie (ICRE) a travaillé sur le nouveau code minier ; cela avec les fonds accordés par l'ACDI et par des sponsors privés tels que les multinationales BP Canada Energy, Cargill, Chevron Canada, Conoco, Down Chemicals, Mobil, Shell, Total Fina ELF, UNOCAL… Après une première tentative de faire passer le code minier dans les années 1996-1998, la législation a été finalement approuvée en 2001 sous le nom de loi 685. Le CERI contracta le cabinet Martinez-Cordoba et associés -également commandité par le gouvernement- pour travailler sur la législation ; ce même cabinet représente d'ailleurs plus de la moitié des compagnies minières inscrites au registre national des entreprises d'exploitation minière. Le Ministère canadien des affaires étrangères et du commerce international a aussi été très actif dans la promotion de l'industrie minière -pas uniquement en Colombie- en facilitant et organisant les rencontres entre les représentants canadiens et les officiels du gouvernement; tout comme Exportation et développement Canada (EDC), agence financée par les taxes publiques, a contribué au financement de projets miniers canadiens à l'étranger. Les impôts ont donc servi à l'exploitation et à la destruction de nombreuses vies.

Interêts Privés - Armées Privées

Un autre fait encore plus alarmant est l'utilisation systématique et répandue depuis plusieurs années de compagnies privées de sécurité, militaires ou non, pour la protection des sites d'exploitation. En effet, il existe des liens directs entre mercenaires, compagnies de sécurité privée, paramilitaires, forces armées nationales, aides militaires américaines et les projets miniers dans plusieurs régions de Colombie ; l'on comprend mieux pourquoi plusieurs régions précisément ciblées par le Plan Colombie, sont les mêmes où les compagnies étasuniennes, canadiennes ou étrangères détiennent d'importants intérêts dans les secteurs du pétrole, du gaz ou des mines. Les multinationales emploient directement ces compagnies de sécurité dont les mandats sont vagues. Elles ne rendent pas compte de leurs activités et il n'existe aucune législation tant au niveau national qu'international régulant cette activité. Voilà comment les secteurs privés et publics s'associent, sur fond d'aide au développement international, tout cela pour le plus grand bénéfice des transnationales -principalement canadiennes et étasuniennes- et au détriment des communautés autochtones, afro-colombiennes ou métisses de Colombie dont les terres sont usurpées et les droits fondamentaux bafoués.
Author
PASC