«La bataille est noir pétrole. […] Le visage est rouge combat»
Natasha Kanapé Fontaine, militante et poétesse innue
Du 7 au 19 novembre, le PASC a eu l'honneur d’accueillir Felipe Uncacia, représentant de l'association des autorités autochtones traditionnelles de l'Arauca (ASCATIDAR, Colombie) et délégué du Congrès des Peuples (Congreso de los Pueblos). Felipe Uncacia a visité différentes communautés avec lesquelles il a partagé l'expérience de son peuple face à l'exploitation pétrolière et la construction de pipelines.
WENDAKE, CHICOUTIMI, WEMONTACI, MONTREAL, KANEHSATÀKE, KAHNAWAKE
Cette tournée fut l'occasion d'échanger sur les réalités, les visions, les modes d'organisations autochtones mais surtout sur les moyens utilisés afin de défendre le territoire. Car si les peuples sont affectés de manières différentes par l’exploitation de leur territoire (coupes forestières, exploitations minières, tracés de pipelines), il s'agit de se lever pour la survie des générations futures, autochtones et allochtones.
«Nous sommes des peuples de lutte, des peuples de combat, des peuples de résistance», Felipe Ucacia.
Résistance du peuple U'wa contre les pétrolières
En 2013, les membres de la nation autochtone U'wa se sont mobilisés pour bloquer l'accès de leur territoire aux compagnies pétrolières. Bien vite, c'est l'ensemble de la région qui s'est soulevée. Répondant à l'appel lancé par les autorités traditionnelles U'wa et Sikuani, les organisations paysannes, le mouvement étudiant ainsi que des travailleurs et travailleuses provenant de différents secteurs d'emploi ont manifesté jour et nuit déclenchant une grève sociale à la grandeur de l'Arauca, province de l'Est de la Colombie. Toutes les entrées de la province ainsi que plusieurs routes internes ont été bloquées par les manifestant.es. Les compagnies pétrolières, n'ayant plus accès aux champs pétroliers, furent forcées de suspendre toutes activités. Des membres du peuple U'wa ont également paralysé la construction d'un des plus importants oléoducs du pays. Notons d'ailleurs que la crise environnementale, sociale et humanitaire provoquée par l'exploitation pétrolière va de pair avec la militarisation du territoire et la répression contre les peuples défendant leurs terres.
Le Congrès des Peuples
Cette tournée a été réalisée afin de faire connaître les luttes menées par le Congrès des Peuples, un mouvement social et politique né des mobilisations autochtones de 2008 (“la Minga”). Le mouvement a pris une ampleur nationale, rejoint par différentes luttes sociales : étudiantes, des travailleurs et travailleuses, du mouvement des femmes, du mouvement paysan, des communautés afro-descendantes, des groupes communautaires, etc. En tant qu'espace de convergences, le Congrès des Peuples est un acteur central des blocages régionaux, des grèves paysannes et des mobilisations populaires ayant débouché sur les grèves sociales générales de 2012, 2013 et 2014. Ces soulèvements ont forcé le gouvernement à ouvrir des tables de négociations où le Congrès des Peuples exige entre autres un moratoire complet sur toutes les activités minéro-énergétiques et la redistribution immédiate des terres aux communautés autochtones, afro-descendantes et paysannes. Felipe Uncacia est l'un des délégués du Congrès des Peuples aux tables de négociations, tables à travers lesquelles il défend le respect de l'autonomie et la reconnaissance des peuples autochtones de Colombie.
Le 17 novembre 2015, la soirée Territoires en bataille, fût le cœur de la tournée. Puisque l'imposition d'un modèle extractif traverse les hémisphères, la soirée a réuni, en plus de Felipe, plusieurs autochtones à travers ce qu'on appelle le Canada. Se rassembler, se solidariser, partager, s'inspirer: les résistances sont vivantes et ont plusieurs voix!