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27/11/2014

Le général Ruben Dario Alzate va être libéré. Gouvernement colombien et Farc se sont mis d’accord sur les modalités de son retour. Il était aux mains du Front 34 des Farc depuis dimanche dernier. Sa détention par les Farc avait poussé le président Juan Manuel Santos à suspendre les négociations de paix avec la guérilla en cours à La Havane. Cet incident soulève de nombreuses questions.


- Pourquoi un général expérimenté a-t-il enfreint toutes les consignes de sécurité : il s’est rendu sur une barque en civil sans arme et sans escorte dans la communauté de Las Mercedes (photo Luis Robayo/AFP), à une demi-heure de la capitale de l’Etat du Choco, Quibdo. C’est une zone classée « rouge » par l’armée colombienne : le front 34 des Farc y est très actif, notamment dans le trafic de drogue, activité pour laquelle il serait associé au groupe de paramilitaires los Usagas. Officiellement, le général serait venu rencontrer les leaders communautaires dans le cadre du projet de développement Accion Integral de l’armée.

- Pourquoi le président Juan Manuel Santos a-t-il suspendu les négociations de paix ? C’est bien lui qui refuse toute idée de cessez-le-feu pendant les discussions de La Havane. Il aurait été étonnant que, rencontrant un haut gradé de l’armée colombienne sur un territoire qu’ils contrôlent, des membres des Farc le laissent simplement vaquer à ses occupations. Ne serait-il pas temps pour le gouvernement colombien de décréter un cessez-le-feu pour donner plus de chances au processus de La Havane et éviter des provocations qui peuvent venir de tous les camps. Les opposants aux négociations, menés par l’ancien président Avaro Uribe, peuvent à tout moment organiser un « incident » tant que les opérations militaires continuent. L’enlèvement du général Ruben Dario Alzate a montré les conséquences que peut avoir ce type d’événement sur l’ensemble du processus de La Havane. On sait qu’une partie de l’armée est opposée au processus. Pendant la campagne présidentielle de juin dernier, des généraux en retraite avaient clairement pris faits et causes contre le président Juan manuel Santos et pour Oscar Ivan Zuluaga, le candidat Uribiste. L’armé a beaucoup à perdre avec la paix : les largesses financières dont elle bénéficie risquent d’être remis en cause. Un volet des accords de paix concerne le droit des victimes. Les atteintes aux droits de l’Homme commises par certains militaires ne pourront pas rester impunies. Les organisations internationales sont très vigilantes à ce que la paix ne signifie pas impunité.

- Pourquoi a-t-il fallu attendre plusieurs jours pour que les Farc annoncent la libération du général Ruben Dario Alzate. Les chefs des Farc qui négocient à La Havane contrôlent-ils vraiment leurs troupes ? Le Front 34 ne voit probablement pas d’un bon œil des négociations qui risquent de perturber ses activités liées Catatumbo AFP Adaberto Roqque.jpgau trafic de drogue. Cela rappelle que, même si un accord de paix est signé, il est probable que certains groupes des Farc refuseront de déposer les armes et pourraient de se convertir en « Farcrims », comme les « bacrims » (bandas criminales) nées après la démobilisation des paramilitaires au milieu des années 2000.

- La direction des Farc n’a-t-elle pas cherché avec cet enlèvement à tester le gouvernement colombien ? Pablo Catatumbo (photo Adaberto Roqque/AFP), l’un des négociateurs de la guérilla à La Havane a interrogé : « Vous n’avez pas l’impression que nous avons fait un geste pour la paix en rendant le général ? ». Il a ajouté qu’il souhaitait qu'un accord de paix soit signé avant la fin de l’année prochaine.

Pour un historique des négociations de paix, cliquez ici.

Author
Patrick Bèle