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05/08/2013

Une entreprise de Toronto bafoue les droits des travailleuses et travailleurs, du peuple autochtone et fait fi de l'environnement en Colombie, mais les autorités canadiennes se préoccupent davantage de renforcer les liens d'affaires avec le pays.

À titre de président du plus grand syndicat canadien de l'énergie, j'ai été membre d'une délégation canadienne de 17 personnes chargées d'enquêter sur des abus allégués de Pacific Rubiales Energy (PRE) cotée à la Bourse de Toronto, le plus important producteur indépendant de pétrole en Colombie. Les 13 et 14 juillet, j'ai été juré lors d'une audition préliminaire du Tribunal populaire contre les politiques d'extraction en Colombie qui a été tenue près des champs pétrolifères de Pacific Rubiales, à Puerto Gaitan dans l'Est du pays.

Les témoignages ont été déchirants. Des représentants des communautés autochtones ont révélé au tribunal comment l'exploration pétrolière sur leur terre les a forcés à déménager dans des villages de fortune pour habiter des logements construits de feuilles de plastique, de carton et de bouts de bois. Les femmes des communautés avoisinantes ont montré au jury des bouteilles d'eau de couleur orange et noirâtre qui, selon elles, provenaient de leur source d'eau locale, une rivière transportant les effluents du processus d'extraction de PRE. Les dirigeants syndicaux ont décrit les conditions de vie des travailleuses et travailleurs forcés de faire la rotation de quart de travail afin d'obtenir quelques heures de sommeil dans un lit occupé par trois autres collègues de travail sur des quarts différents.

PRE, dont le siège social se trouve sur Bay Street, mène une campagne acharnée contre la Unión Sindical Obrera (USO). Après une grève des milliers de membres de la USO en 2011, l'employeur a congédié les personnes qui ont refusé de se désaffilier du syndicat de l'énergie en place depuis 90 ans pour joindre les rangs du «syndicat» préféré par PRE. Durant cette grève, le sénateur colombien Alexander Lopez, qui a témoigné devant le tribunal, a déclaré que les forces de sécurité publique l'ont empêché de voyager librement sur une voie publique menant aux champs pétrolifères de Rubiales. Le sénateur Lopez a conclu que les gestes de PRE en Colombie justifiaient son expulsion du pays.

Les témoignages devant le tribunal ont été troublants, mais ce qui s'est produit par la suite pourrait être encore plus inquiétant. Deux jours plus tard, un membre de la USO qui avait participé à la formation du tribunal a été l'objet de menaces personnelles. Le 16 juillet, Héctor Sánchez, qui vit dans un village près des champs pétrolifères de PRE, a reçu une note chez lui déclarant: «Nous surveillons tout ce que vous faites avec votre famille. ... N'attendez pas une mort stupide, ni pour votre femme et vos enfants... Ne les laissez pas derrière comme orphelins et veuve et ne devenez pas veuf vous-même.»

Compte tenu de l'activité des voyous paramilitaires de droite dans le pays et des 20 syndicalistes colombiens assassinés l'année dernière, cette menace ne doit pas être prise à la légère.

Quatre jours après les menaces contre Héctor Sanchez, les bureaux d'une des organisations qui avaient formé le tribunal et hébergé la plupart des membres de la délégation canadienne à Bogotá ont été dévalisés. Ordinateurs, appareils photo et enregistreuses utilisés pour mener l'enquête sur PRE et d'autres entreprises pétrolières ont été dérobés de la maison du réseau de fraternité et de solidarité avec la Colombie (Redher). L'argent d'une petite caisse et les cartes de crédit n'ont pas été dérobés.

La délégation canadienne qui a participé aux délibérations du tribunal a dévoilé à l'ambassade du Canada à Bogotá ce qu'elle avait appris des abus de PRE. Toutefois, les autorités sont demeurées perplexes en déclarant qu'elles rencontraient des «clients» comme PRE tous les mois. En fait, le représentant de l'ambassadeur s'est dit plus préoccupé par le manque d'intérêt de PRE à l'égard du financement d'Exportation et développement Canada que par les pratiques sociales de l'entreprise.

Ce manque d'intérêt à l'égard des répercussions sociales d'une entreprise canadienne découle de la politique étrangère des conservateurs en Colombie conçue pour promouvoir les intérêts des entreprises et consolider les liens avec un pays considéré comme un allié de droite résistant aux tendances de gauche dans la région. En 2011, le Canada a signé un accord de libre-échange avec la Colombie. Les conservateurs ont également fait de ce pays aux revenus moyens une priorité pour l'aide canadienne et, en décembre, ils ont ajouté le nom de la Colombie, le pire pays à enfreindre les droits de la personne en Amérique, à la Liste des pays désignés (armes automatiques). Cette liste comprend les pays auxquels les entreprises canadiennes d'armement peuvent exporter des armes prohibées.

À titre de Canadiennes et de Canadiens, nous devons nous opposer en disant «pas en notre nom» lorsque les entreprises comme PRE posent des gestes qui ne seraient jamais permis au Canada. Mon syndicat s'est engagé à appuyer la USO dans ses efforts visant à obtenir justice pour les travailleuses et travailleurs de Pacific Rubiales Energy et nous exhortons le gouvernement fédéral à cesser d'appuyer les activités de l'entreprise en Colombie.

 

http://quebec.huffingtonpost.ca/dave-coles/pre-honte-petroliere-canadie…

Author
Dave Coles dans le Huffingtonpost