Le contrôle policier, militaire et paramilitaire en complicité avec les plantations illégales de Palme africaine dans la région continue
Ce 26 octobre 2005, vers 7h45 am, la Commission Justicia y Paz a confirmé par le biais de sources officielles suite à l’examen des empreintes digitales de l’un des doigts du corps d’un afro-descendant retrouvé à Chigorodo, que celui-ci correspondait au corps de ORLANDO VALENCIA, ayant été détenu par la Police puis enlevé par les paramilitaires et victime de disparition forcée depuis le 15 octobre 2005. Le corps d’Orlando a été trouvé avec une balle dans le front et des marques sur ses mains démontrent qu’il a été attaché. Le corps défunt portait les mêmes vêtements que le jour de son enlèvement. A cause de l’état de décomposition dans laquelle se trouvait le corps, l’identification fut difficile. Selon les enquêteurs, ORLANDO fut assassiné il y a déjà plusieurs jours par les mêmes paramilitaires qui l’ont enlevé et ont qui ont par la suite jeté son corps dans la rivière Leon, lequel est réapparu ensuite dans un endroit connu comme Bocas de Zábalo.
Aujourd’hui vers 5ham l’épouse et une des filles de ORLANDO VALENCIA sont partis de la Zone Humanitaire "Bella Flor Remacho", accompagnées de membres de PBI, du PASC Canada, et de notre Commission Justicia y Paz, vers Chigorodo afin de réclamer les restes du leader communautaire qui furent sortis de la morgue de cette municipalité.
On croit qu’ils arriveront ce soir à Chigorodo, puisque le chemin le plus court pour se rendre là-bas consiste à traverser les plantations de Palme africaine Les communautés ont normalement peur de circuler dans cette zone contrôlée par l’Armée et les paramilitaires.
La famille a exprimé le voeux de lui donner une sépulture chrétienne dans le Territoire Collectif du Jiguamiando. ORLANDO était père de 7 enfants, la majorité sont mineurs. Sa femme et sa mère, ainsi que les membres du Conseil Majeur du Jiguamiandó et Curvaradó, qui ont connu son implication quotidienne dans la lutte pour la Vie et le Territoire, souffrent profondément.
La Commission Justicia y Paz a exigé du gouvernement colombien de fournir des garanties à la communauté afro-colombienne, à la femme et la fille d’Orlando ainsi qu’aux accompagnateurs nationaux et internationaux qui sont avec elles, pour qu’ils puissent prendre possession sans problème des restes du défunt et les transporter au retour jusque dans le Jiguamiando afin de les enterrer au sein du Territoire ancestral. Ces derniers devront passer à nouveau par Belen de Bajira (lieu où a été enlevé Orlando) ainsi que par les plantations de Palme. Il y a donc des craintes, étant donné que des opérations de contrôle paramilitaires se déroulent continuellement dans la région, avec la complicité des forces policières et de la Brigade XVII de l’Armée Nationale.
Le 15 octobre dernier, ORLANDO a été enlevé, victime de disparition forcée aux mains des paramilitaires, en présence d’un membre du Projet Accompagnement Solidarité Colombie, PASC/Canada, de plusieurs paysans de la région et d’un avocat défenseur de droits humains de notre Commission Justicia y Paz, après avoir été détenu arbitrairement par la Police de Bajira. Au moment de son enlèvement, des habitants qui se trouvaient avec lui, dont ENRIQUE PETRO, ainsi que des accompagnateurs, ont été menacés et suivis par des "civils" armés de la stratégie paramilitaire, le tout en présence des unités de police.
En plus de la mort de ORLANDO qui affecte profondément les afro-descendants, s’ajoute la Détention Arbitraire et la Disparition Forcée de BERNARDO PEQUI DIAZ depuis le 9 octobre dernier. L’afro-descendant habitant du village de Bartolo, situé a mi-chemin entre les rivières Jiguamiando et Murindo, a été emmené de force par les unités de la Brigade XVII dans le cadre d’une opération militaire officielle, sans qu’il n’y ait de nouvelles de lui jusqu’à ce jour.
Du jeudi 20 au samedi 22 octobre, une Commission humanitaire mixte (gouvernementale et non gouvernementale), composée de l’Ambassade
du Canada, de ALIANZA, la Commission Colombienne de Juristes, le Réseau Écuménique de Colombie inclunat des délégués d’églises du
Brésil, Brigades de Paix Internationales (PBI), Christian Aid de Grande-Bretagne, et notre Commission de Justicia y Paz s’est rendue à Belen de Bajira, lieu où a été enlevé Orlando, puis jusque dans les Zones Humanitaires des communautés du Jiguamiando. Cette Commission a pu constater les plantations de Palme et la destruction de la biodiversité et ils ont reçu des témoignages des actions paramilitaires-militaires qui se déploient en permanence entre la rivière Curvarado et les Zones Humanitaires de la rivière Jiguamaindo, zone qui coïncide exactement avec les plantations de Palme qui existent actuellement. Les habitants du Jiguamiando ont dénoncé les actions policières et militaires qui ont eues lieu au cours du dernier mois contre les afro-descendants (destruction des
Zones Humanitaires, vols de bétail, incursions de la Brigade XVII annonçant la venue d’incursions de type paramilitaires, menaces de mort contre les communautés et contre les accompagnateurs du PASC-Canada et de notre Commission de Justicia y Paz.
Les opérations armées coïncident avec le feu vert que le Gouvernement National, par le biais du Ministre de l’Agriculture vient de donner aux entrepreneurs du projet de Palme africaine, afin que ceux-ci continuent l’ensemencement illégal des Territoires Collectifs ancestraux avec cette monoculture. Ce Territoire a été habité par les afro-descendants depuis plus de 50 ans et le Titre de propriété collective a été donné aux communautés il y a 5 ans, en vertu de la Loi 70. Ces plantations meurtrières reçoivent l’appui financier d’institutions gouvernementales colombiennes ainsi que d’institutions gouvernementales de coopération
internationale, sous le discours de la "lutte à la drogue et au narco-traffic", de programmes de "substitution des cultures illicites" et "développement alternatif", et ce malgré le fait que les plantations de coca et d’amapola n’existent pas dans cette région du Bajo Atrato.
Les plantations de Palme dans les bassins du Curvarado et du Jiguamiando ont été réalisées suite à 13 déplacements forcés, provoqués par les actions paramilitaires du Bloc Elmer Cardenas des AUC en complicité avec la Brigade XVII dans 14 villages de Curvarado, en plus des 111 assassinats et disparitions forcées dont ont été victimes des membres de ces communautés suite aux actions militaires, policières et paramilitaires.
Source : Justicia Y Paz
www.justiciaypazcolombia.org
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