Assassinés pour une poignée d’or

Compagnie d’extraction pétrolière discrète, longtemps méconnue de la plupart des Colombiens, l’entreprise franco-britannique Perenco a acquis ces dernières semaines une notoriété dont elle se serait bien passée.
La rédaction du site A l’Encontre a transcrit l’entretien entre Ruth Stégassy et l’auteur québécois Alain Deneault. Ruth Stégassy anime l’émission Terre à terre, émission qui passe, tous les samedis matin, à 7h05, sur France Culture.
L’accumulation par dépossession est un terme employé dans l’étude de la marchandisation et de la privatisation de la terre ainsi que dans celle de l’expulsion violente des paysans et de la transformation du droit commun en droits privés. Il convient d’y ajouter l’analyse des méthodes impérialistes d’appropriation des ressources naturelles et énergétiques, de convert avec le rôle du capital financier comme instrument d’endettement de la population, urbaine et rurale, et comme support « légal » à l’expulsion de paysans et d’indigènes, réduits à la servitude en raison de leurs dettes.
En Colombie, la production d'or connaît une croissance exponentielle. Cette fièvre minière, attisée par la flambée des cours sur le marché mondial, attire toutes les convoitises. Multinationales, chercheurs d'or, guérilleros des Farc et bandes criminelles se livrent une guerre sans merci afin de contrôler les territoires où se trouvent les filons. En marge du marché officiel, l'or colombien génère une véritable économie parallèle. En Colombie, tout le monde veut sa part du butin.
En 1971 est né l’un des projets les plus importants pour l’exploitation des hydrocarbures en Colombie. Elf Aquitaine s’est alors installée en Colombie pour devenir ensuite la multinationale Perenco, filiale du groupe Total. Après quatre décennies dans le pays, l’entreprise est aujourd’hui confrontée ouvertement à des questions sur son soutien financier à des groupes paramilitaires.
“Ce n'est pas la guérilla qui nous a déplacé, ce ne sont pas les paramilitaires non plus, c'est le gouvernement qui nous déplace”, s'insurge Efrenes, l'un des 10 000 habitant-es du Huila affecté-es par la construction du barrage hydroélectrique « El Quimbo ». Deuxième pays au niveau mondial en termes de déplacement interne de la population, la Colombie compte près de 6 millions de réfugié-es internes.
Les clauses sociales et environnementales [1] du commerce extérieur ne font pas partie des saints de dévotion des gouvernements et des organisations d’employeurs latino-américains. Leur application implique la vérification dans leur pays de la reconnaissance et l’application de droits fondamentaux et la sanction morale ou commerciale éventuelle en cas de transgression de ceux-ci.