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11/01/2012
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Un communiqué envoyé par le Comité Pro Defensa de Marmato et le Consejo Regional Indígena de Caldas (CRIDEC) le 22 décembre 2011 fait état de la récente décision du conseil municipal de Marmato d'interdire l'exploitation minière à ciel ouvert dans la municipalité et d'empêcher la délocalisation de la population et du centre urbain (voir le communiqué traduit ci-bas).

Une victoire certes, mais partielle. Un communiqué de la Gran Colombia Gold Corp., émis le 9 janvier 2012, ne mentionne aucunement cette décision du conseil municipal, allant pourtant totalement à l'encontre de leur projet. Il titre même “Gran Colombia progresse avec la relocalisation de Marmato” ! (Voir : http://www.grancolombiagold.com/Newsroom/News-Releases/News-Releases-Page/News-Releases-Details/2012/Gran-Colombia-progressing-with-Marmato-resettlement1127857/default.aspx) Un autre communiqué parle quant à lui des avancées des forrages et des découvertes minérales (Voir : http://www.grancolombiagold.com/Newsroom/News-Releases/News-Releases-Page/News-Releases-Details/2012/Gran-Colombia-announces-discovery-of-new-deep-mineralization-and-additional-drill-results-at-the-Marmato-project1127868/default.aspx) Ainsi, la compagnie continue de faire fi de l'opposition locale à une mine d'or et d'argent à ciel ouvert en plein coeur de la municipalité de Marmato. La lutte contre ce projet, qui dure depuis six ans, n'est donc pas terminée !


 

Les habitants de Marmato arrêtent l'exploitation à ciel ouvert dans leur territoire, empêchent le déplacement du centre urbain de la municipalité et interdisent la démolition du patrimoine historique

COMITÉ PRO- DEFENSA DE MARMATO
CONSEJO REGIONAL INDÍGENA DE CALDAS (CRIDEC)

Communiqué public

Le Comité Pro-Defensa de Marmato et le Conseil régional indigène de Caldas (CRIDEC) informent le peuple colombien, la communauté internationale, les organisations de défense des droits humains, les secteurs sociaux mobilisés en défense de l'environnement et de l'exploitation minière à petite échelle, et l'opinion publique en général:

Qu'après six ans d'incertitudes depuis l'arrivée à Marmato, avec l'appui du gouvernement national, des compagnies multinationales canadiennes s'appropriant les mines, détruisant les moulins, augmentant le nombre de sans-emplois, forrant sans contrôle et humiliant la population, hier le 21 décembre 2011, le Conseil municipal de Marmato, Caldas, a approuvé la révision et l'ajustement du plan d'utilisation du territoire (Esquema de Ordenamiento Territorial - EOT) de la municipalité, dans lequel se trouvent consacrées les dispositions suivantes :


1. Conserver à El Llano (La Betulia) ce nom (Note : C'est le nom actuel de la communauté où le centre de Marmato devait être déplacé afin de faire place à une mine à ciel ouvert), et en conséquence supprimer le nom de « Nuevo Marmato » de tous les articles.

2. Conserver le centre municipal dans la Zone historique, et y maintenir la mairie, le conseil, l'église, l'institution éducative, le poste de police et les autres institutions propres à la dynamique institutionnel et social dudit centre.

3. Non à l'exploitation minière à ciel ouvert dans la municipalité de Marmato Caldas. En accord avec l'article 33 de la loi 136 et de l'article 313 de la constitution nationale. Appui à l'artisanat minière traditionnelle.

4. Déclarer El Llano (La Betulia), centre de population urbaine et ses aires d'expansion (El Tejar, Guayabito), et le doter des infrastructures requises pour répondre aux nécessités de sa population actuelle et future.

5. Maintenir l'expansion du centre urbain et de la Zone historique dans les mêmes limites que celles établies dans l'EOT de 2004. Le conseil municipal règlementera l'exploitation de cette aire selon les paramètres de la loi.

6. Faire un suivi stricte de tout forrage minier qui se réalise dans la municipalité.

7. Faire les démarches nécessaires devant les autorités compétentes afin de retirer les titres miniers aux aires se trouvant dans les zones urbaines, les centres de population et les centres de développement rural, les sources hydriques et les aires de protection municipale.

8. Intervenir de manière prioritaire dans l'espace public afin d'améliorer l'environnement de toute la municipalité, dont pas plus de 15% n'est permis pour l'usage.

9. Maintenir le caractère rural de San Juan de Marmato, reconnaissant par le même temps le fait que dans sa juridiction habite la majeure partie de la communauté autochtone de la municipalité, par lequel San Juan de Marmato entre dans les catégories de “paroisse” (Corregimiento) (art. 311 du décret 1333 de 1986) et de Territoire autochtone (décret 1386 de 1994). Établissement de deux centres de populations rurales : San Juan et Agrovillas Jiménez.

10. Soumettre la Place principale et les secteurs alentours à un régime spécial de manière à privilégier leur durabilité comme témoins de l'histoire minière ancestrale, coloniale et républicaine, tout en considérant la situation de risque dans la zone. En conséquence, est interdit la démolition ou le transfert des biens patrimoniaux existants dans le dit secteur, et sera assuré leur maintenance nécessaire en vue de leur conservation. Garantir la perennité des habitants, des institutions publiques et des établissements privés situés dans le secteur de l'Atrio et des autres secteurs de la Zone historique qui se trouvent en situation de risques mitigés. En conséquence, classifier comme haute priorité l'exécution du travail nécessaire pour atténuer le risque dans ces zones, comme recommendé par la Corporation régionale autonome de Caldas (CORPOCALDAS)

11. Amener devant le gouvernement de Caldas, le ministère de la Culture et l'UNESCO la déclaration de Marmato comme Patrimoine culturel de l'humanité.

12. Révision du système hydrique et conservation des sources pour la population.

De manière exemplaire, le conseil municipal a accueilli la voix d'un peuple, représentée dans le processus de six ans de lutte du Comité Pro Defensa de Marmato, des artisans miniers, du conseil et de l'organisation régional autochtones, des professeurs et de multiples secteurs solidaires du pays, du Canada et d'autres pays.

    Avec cette décision, les conseillers de Marmato ont fermé la porte aux prétensions des compagnies canadiennes de déplacer la population et de démolir un peuple de 475 années d'histoire pour exploiter en 20 ans les réserves d'or que contient la montagne de Marmato, à travers un projet d'exploitation minière à ciel ouvert.

    Ce projet a été refusé depuis 2007 par la signature de plus de 500 Marmateños, en mai 2011 par des milliers de personnes dans tout le pays qui ont marché contre l'autoroute panaméricaine, et ensuite par la mobilisation de 400 artisans miniers qui en novembre dernier ont fait grève face à la tentative de la compagnie de fermer les mines.

    La Mairie avait présenté au conseil le projet de réforme de l'EOT, préparé depuis trois ans par le ministère de l'Environnement, le 2 novembre passé, 15 jours avant la fermeture de la session. Le projet déclarait toute la Zone historique comme étant à haut risque, ordonnant le déplacement de la population, la démolition de la Place principal et des édifices patrimoniaux, et le transfert du centre municipal vers le bas de la montagne, connu comme El Llano, et qui s'appelerait désormais “Nuevo Marmato”, situé à moins de un kilomètre en ligne droite de l'actuel centre, ce qui fait que la population souffrirait des impacts directs de l'exploitation minière à ciel ouvert si celle-ci se réalisait.

    Finalement, les conseillers de Marmato ont donné à la Colombie et au monde une leçon de dignité, en démontrant que la défense de la vie, de la culture des peuples et des ressources naturelles n'est pas une question d'argent ni de pressions officielles, comme l'un des directeurs exécutifs de la Medoro Resources l'affirmait il y a quelques mois.

    Nous exigeons des autorités colombiennes, du gouvernement du Canada et de la compagnie Gran Colombia Gold Corp. (anciennement Medoro Resources) de respecter la décision souveraine du peuple marmateño; et appelons à tous les artisans miniers de Marmato de mettre en application immédiate le Manuel de co-existence minière (Manual de Convivencia Minera) afin d'améliorer la qualité de vie de la population et le respect de la Mère-Terre.


    COMITÉ PRO DEFENSA DE MARMATO

    COMITÉ EJECUTIVO DEL CRIDEC

    Marmato, Caldas, 22 décembre 2011

      Auteur.trice
      Comité Cívico pro Defensa de Marmato