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20/04/2012
Les 12, 13 et 14 avril à Cartagena (nord de la Colombie) s’est tenu le Sommet des Peuples. Impulsée par les mouvements sociaux, cette rencontre s’oppose au système économique défendu pendant le Sommet des Amériques et se veut le porte-voix des peuples américains.   Debout sous un large ventilateur silencieux, Enrique Laza considère gravement l’assemblée assise devant lui. “200 ans après notre indépendance, camarades, nous ne sommes pas totalement émancipés…” Il marque une pause et s’écrie : “notre pays est depuis trop longtemps une colonie des Etats-Unis ! Camarades, nous sommes la vraie voix des Amériques !”   La voix des peuples   Ce weekend, la ville de Cartagena accueille le 6ème Sommet des Amériques. L’événement, qui regroupe la majorité des dirigeants américains, met en place et harmonise une politique américaine commune. Et pour l’occasion, le centre de Cartagena a été soigneusement aseptisé. On débat l’avenir du continent dans un fragment de ville scintillant et ultra-militarisé.   Mais à l’autre bout de la ville, la banlieue lointaine de Cartagena est également en pleine effervescence. Le quartier populaire Caracoles héberge le 5ème Sommet des Peuples. Impulsée par les principaux mouvements sociaux colombiens, cette rencontre se veut l’alternative au sommet des dirigeants.   Enrique Laza, porte parole de ce contre-sommet, fustige les objectifs réels du Sommet des Amériques : “les dirigeants ne viennent pas combattre la pauvreté, ou défendre les droits de l’homme, comme ils ont pu l’affirmer. Non. Ils viennent protéger les intérêts économiques dictés par Washington. Une manière de consolider l’impérialisme étatsunien.”   Le Sommet des Peuples souhaite donc apporter une alternative au système économique établi depuis plusieurs décennies sur le continent. “Les politiques libérales ne fonctionnent plus et la terre est à bout de souffle !” s’alarme E. Laza. “Nous dénonçons également la domination militaire, sociale, politique, financière des Etats-Unis sur notre continent. Les peuples doivent être souverains !”  

“Le traité protège les multinationales”

Tarcisio Mora

C’est justement cette souveraineté que défend le Sommet des Peuples. Ce samedi, Barack Obama et Juan Manuel Santos ratifient d’une poignée de main le Traité de Libre Echange Colombie-Etats-Unis. Un traité qui ouvrira les portes de la Colombie aux capitaux nord-américains. Alors que l’on applaudit cette alliance, Tarcisio Mora, président de la centrale des travailleurs, la mitraille. “Ce traité protège et encourage les investissements des multinationales nord-américaines dans notre pays. Il justifie les politiques sauvages à l’encontre des travailleurs et de l’environnement.”

Barack Obama quant à lui, qui voit la Colombie comme un exemple de “développement”, se réjouit de cet accord économique. De son côté, Santos maintient que l’apport de capitaux étrangers sera la solution au chômage et à la pauvreté. Leonel Vargas, porte parole du principal syndicat étudiant, n’affiche pas le même optimisme : “notre système éducatif sera encore plus influencé par le modèle de privatisation étatsunien.”   Javier Botero, vice-ministre de l’éducation et seul membre du gouvernement présent au Sommet des Peuples, défend farouchement le traité : “la Colombie a besoin d’un nouvel essor. Le partenariat avec les Etats-Unis est nécessaire à notre développement”.   Le porte-voix des revendications sociales   Si la voix des peuples semble presque imperceptible, les acteurs sociaux possèdent les instruments pour l’amplifier. Le contre-sommet, bien que peu médiatisé, se fait le porte-voix des nombreuses revendications sociales du continent américain. Pour Tarsicio Mora, il faut s’engouffrer dans la brèche de la crise économique : “le modèle économique et politique en place ne marche plus. La violence, la discrimination, la pauvreté sont le produit de ce modèle. Ensemble nous pouvons le briser.”  

Cependant, la ratification du Traité de Libre Echange est un nouvel obstacle auquel vont se heurter les mouvements sociaux. La vraie voix des Amériques risque de résonner de nouveau. 

 

 


 
 
Quel TLC (traité de libre échange) avec la massacre ouvrière en Colombie

 

 

 

 

 

 

 

 

Crédits : Timothée L'Angevin

Source : Blog Courriers d'errance

Auteur.trice
Timothée L'Angevin