Des habitants de Puerto Lleras, dans le territoire collectif de Jiguamiandó, département du Chocó, dénoncent des menaces et des incursions paramilitaires près de la zone humanitaire de Pueblo Nuevo, mettant en danger toute sa population.
Le 15 avril l'O.N.G. de droits humains Commission Inter-ecclésiale de Justice et Paix (CIJP) a signalé l'intrusion d'un nombre indéterminé de paramilitaires des autoproclamées Autodéfenses Gainistas de Colombie (AGC) dans le hameau de Puerto Lleras, territoire collectif de Jiguamiandó, département du Chocó, nord-est de Colombie. D'après l'O.N.G. ces gens ont réuni la communauté et l'ont informée qu'ils allaient exercer un contrôle dans les zones qui étaient antérieurement occupées par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et qu'ils ne laisseraient pas l''ELN (Ejército de Liberación Nacional : Armée de Libération Nationale) s'installer dans ce territoire.
La CIJP a rapporté que les paramilitaires offraient la somme de 800 000 pesos colombiens (approximativement 280 $ US) à ceux qui voulaient rejoindre le groupe et ordonnaient à la communauté la plantation de coca sur son territoire. Ils ont par ailleurs annoncé qu'ils attendaient l'arrivée de 100 hommes supplémentaires en provenance de Pavarandó, qui se dirigeaient vers le hameau de Pueblo Nuevo qui est une zone humanitaire. Selon la CIJP, on n'a constaté aucune action concrète de la part des Forces Armées présentes aux alentours de cette zone, et au contraire, les groupes paramilitaires ont pu se déplacer sans aucun problème sur le territoire.
Les Zones Humanitaires de la réserve Uradá Jiguamiandó, Pueblo Nuevo et Nueva Esperanza sont placées sous mesures de protection de la part de la Commission Interaméricaine des Droits Humains et de la Cour Constitutionnelle colombienne, et malgré cela, elles rapportent que des incursions de groupes paramilitaires persistent et se sont aggravées depuis le début du mois de mars 2017. De plus, des leaders communautaires de Jiguamiandó ont dénoncé les menaces qu'ils ont reçues en mars de cette année, parmi eux Manuel Denis Blandón, Melkin Romaña, Romualdo Salcedo, Félix Álvarado, Erasmo et Benjamín Sierra et le leader indigène Argemiro Bailarín.
Nous demandons :
- une réaction immédiate de l'État suite aux dénonciations des communautés du territoire de Jiguamiandó, pour assurer le respect des limites des Zones Humanitaires, garantir la sécurité de leurs membres, et renforcer la présence des autorités ;
- le respect des Zones Humanitaires et l'apport de garanties de sécurité pour leurs leaders, en application de ce qui a été convenu au sujet des victimes dans l'accord de paix avec les FARC, garantissant la non répétition des faits violents dans leurs communautés et respectant leurs droits humains ;
- aux autorités d'entreprendre des actions immédiates pour démanteler les groupes paramilitaires, en accord avec les engagements formels du gouvernement et les recommandations formulées par les organismes internationaux.