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07/11/2016

La Drummond exploite les mines de charbon d'El Paso et d'El Descanso, dans le département du César, au nord-est du pays. Cette multinationale basée aux États-Unis n’hésite pas une seconde à commettre des crimes monstrueux afin d’en tirer un énorme profit économique ; crimes de guerre et crimes contre l’humanité et ce, en utilisant mercenaires, militaires et paramilitaires. Entre 1996 et 2006, le département du César a été la proie de violences endémiques de la part de groupes paramilitaires qui entretenaient des liens étroits avec les entreprises minières dont ils protégeaient les intérêts. C’est ainsi que la Drummond est accusée d'avoir financé des troupes paramilitaires dans cette période durant laquelle 111 civils ont été assassinés par des paramilitaires dans la région où opère la compagnie minière. Elle est également accusée de l'assassinat ciblé de cinq dirigeants du syndicat Sintramienergetica auquel sont associés 2500 des 13 000 employé-es colombien-nes de la Drummond, ainsi que du massacre de 36 autres leaders syndicaux à Cienaga, Chiriguaná et El Paso.

Menaces et violences sont des réalités bien vivantes aujourd’hui encore dans le département du César. Le 11 septembre 2016, Néstor Iván Martínez, membre du Conseil communautaire afro-descendant de La Sierra, El Cruce et La Estación, leader du Congrès des Peuples et leader de l’une des communautés s’opposant à l’expansion de la mine et défenseur des droits de la terre, a été assassiné.

Une campagne se prépare pour visibiliser les crimes commis contre la population de César entre les années 1986 et 2006, années durant lesquelles les compagnies minières payèrent des exhortations à des guérillas, amenèrent ensuite des travailleurs mercenaires et créèrent des fronts paramilitaires. Ces crimes sont documentés à travers les groupes de personnes disparues, assassinées, déplacées, dépouillées et massacrées. Il s’agit également de rendre visibles au niveau global les crimes corporatifs commis en Colombie et d’engager des gestes de solidarité nationale et internationale contre cette compagnie. La campagne vise aussi à promouvoir la nationalisation de la mine opérée par la compagnie Drummond, sans que la population locale ne doive payer une quelconque indemnité et tout en garantissant un processus de vérité, de justice, de réparation intégrale et un engagement de la compagnie de ne jamais reproduire de pareils agissements.

A plus court terme, aura bientôt lieu l’audience du syndicaliste et défenseur de droits humains Francisco Ramirez Cuellar, cité devant un tribunal pour entendre les accusations qui seront portées contre lui ainsi que les mesures de sécurité auxquelles il devra se soumettre et la campagne vise également à se solidariser avec lui.

Et Drummond n’est pas la seule : elle a de nombreuses amies au Canada. Récemment publié, un rapport de Justice and Corporate Accountability Project documente 15 ans de violences et de meurtres en Amérique latine imputées à des minières canadiennes et dénonce l’inactivité du gouvernement canadien à ce propos. Quarante et un pour cent des grandes sociétés minières opérant en Amérique latine sont canadiennes. L'étude répertorie 44 décès, 403 blessés et 709 arrestations ainsi que des détentions et des accusations entre 2000 et 2015 liés à 28 projets miniers des entreprises canadiennes dans 13 pays d’Amérique latine. Une partie de la violence enregistrée s'est produite lors de manifestations anti-mines ou ciblait des militant.es.

Si Ottawa semble exiger que les sociétés minières canadiennes respectent les codes volontaires (nous soulignons) de RSE (responsabilité sociale d’entreprise) dans leurs activités à l’étranger, peut-on vraiment espérer qu’elles appliquent quoi que ce soit en ce sens ? Qui sera là pour les sanctionner en cas de violations répétitives des droits essentiels à la vie et à la dignité ou plutôt, qui les forcera à quitter les territoires où elles n’ont jamais été les bienvenues ?

Drummond, comme toutes les autres, ne se soucie que du prix de ses actions ; les corrélations entre les activités minières en Amérique latine et la présence de conflits violents ont été faites maintes et maintes fois. Criminalisation et répression pour la dissidence, impunité pour les entreprises, inactivités des gouvernements. Jusqu’où ?

Solidarisons-nous avec la campagne pour la défense de la vie, la liberté et la justice pour les victimes de la mine Drummond ! Protestons contre l’extractivisme sauvage ici et ailleurs !

Auteur.trice
PASC