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20/02/2019

La garde interethnique, paysanne et populaire naît de la nécessité de défendre les droits humains, territoriaux et collectifs dans le cadre des luttes menées par les communautés de Colombie. Les gardes mises en place dans les régions du centre-est et qui donneront vie à la Garde Interethnique remontent aux mobilisations des années 50, 60 et 70 et plus spécifiquement au sein de la Grève civique du Sarare, à partir de laquelle, le peuple mobilisé pour maintenir la discipline et affronter les agressions de la part du gouvernement, constituèrent par la suite la Garde Civique du Sarare, qui plus tard au courant de la décennie 1980 et 2000, a été alimentée par les différentes luttes populaires.

Au cours des années 2000, dans le cadre du processus d’unité et solidarité entre les peuples paysans et autochtones, la première expérience de la Garde interethnique a été mise en place. Le peuple U’was et les paysan.ne.s se sont mobilisé.es pour la défense de la Terre mère et contre le pillage des entreprises multinationales comme la OXY. C’est ainsi qu’en 2014, 2015 et en 2017, eu lieu le premier exercice de récupération territoriale qui s’est déroulé dans l’usine à gaz de Gibraltar, dirigée par la Garde interethnique. C’est la démonstration qu’il s’agit là de l’unique façon de contrecarrer les assauts de l’État colombien qui viole les droits des peuples paysans et indigènes.

Le renforcement, l’institutionnalisation et la consolidation de la Garde, implique un processus de formation interne. La Nation U’wa et le Mouvement politique social et populaire du centre-est de la Colombie, ont réalisé la première école de formation de la Garde Interethnique paysanne et populaire en hommage à Arley Mogollón, Buakubo Tegría, Álvaro Salón, pour la défense, la protection et la sauvegarde des territoires des communautés autochtones, paysannes, afro-descendantes et des centres urbains. Cette formation se base sur le principe de la fraternité entre peuples et sur un effort constant visant à renforcer l’articulation et l’unité en Colombie, en l’Amérique Latine et dans le reste du monde.

Dans la communauté autochtone de Guanua Rauri-U’wa, territoire ancestral faisant partie de la grande Nation U’wa, le village Rio Negro de la municipalité de la Salina, Département Casanare, une formation s’est tenue du 10 au 16 septembre 2018, avec la participation de 17 communautés autochtones de Asou’wa, Ascatidar et du Oric, ainsi que celle de la Garde paysanne de Arauca, Boyacá et de Casanare.

Cette formation a pour but de consolider et renforcer les Gardes paysannes, autochtones et afro-descendantes et urbaines de la région. Leur mission est de veiller à la protection des droits collectifs et individuels, des mouvements sociaux, et de soutenir la lutte pour la défense et la permanence sur le territoire, le droit à la vie et la protection du tissu social. Une mission essentielle compte tenu de l’intensification des conflits sociaux, politiques, économiques, culturels au cours des dernières années sur les territoires.

La vente des ressources naturelles aux capitaux étrangers, les réformes néfastes imposées par l’État qui ont pour unique objectif de réprimer les peuples, l’augmentation du financement de la guerre jusqu’aux coupures dans les services sociaux, les assassinats de leaders sociaux et défenseurs des droits humains, sont autant de raisons de se mobiliser. Pour toutes ces raisons, les autres régions doivent continuer à progresser dans la mise en place des Gardes interethniques et continuer d’instaurer un contrôle politique, social et territorial unifié.

La Garde Intertechnique paysanne et populaire est constituée d’ hommes et de femmes formées sur des questions liées au droit des premières nations, au contexte social autochtone et paysan, au mandat du peuple U’wa, aux juridictions spéciales autochtones, à la communication populaire, aux premiers soins et aux droits humains ; les membres de la garde doivent développer une vision globale du contexte social et politique, ce qui implique la protection des droits des peuples.

Leur formation permet de développer une approche unifiée visant à protéger les générations futures, la reconnaissance de la paysannerie en tant que sujet politique défendant la sécurité alimentaire, préservant la vie sur le territoire. Les pratiques de la garde doivent tenir compte du fait que nous construisons le territoire, nous générons un tissu social, nous générons de la communauté, et c’est pour cela que «nous sommes tous et toutes des gardes ». Nous revendiquons que la Garde soit reconnue officiellement et juridiquement par l'État colombien, qu’elle détienne un statut juridique et qu’elle puisse être reconnue dans le cas des peuples U'wa dans le cadre du développement de la juridiction autochtone spéciale fondée sur l'article 246 de la Constitution politique de la Colombie de 1991.

Auteur.trice
www.trochandosinfronteras.info