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04/12/2014

Ce matin, un communiqué du groupe paramilitaire Águilas Negras a circulé par courriel, texte qui menace de mort les communicateurs, journalistes et membres de médias populaires, dont Colombia Informa. Il y a quelques jours, les menaces touchaient Canal Capital, Telesur et Reporters sans frontières. Il s’agit d’une stratégie de terreur qui utilise la répétition et la brutalité mais qui n’atteint pas l’effet escompté. Au contraire, les réseaux de dénonciation et de solidarité en sont renforcés.

« A tous les collectifs de communication alternative et populaire qui font partie de la longue liste de terroristes bâtards guidés par la politique des FARC et de l’ELN : cessez vos activités de campagne que les chiens sales de Timochenko (leader des FARC) et Gabino (commandant de l’ELN) vous demandent de mener dans les villes et les villages au nom d’une communication alternative et populaire ; votre propagande sera réduite au silence ».

Ainsi commence ce long texte qui s’étend sur deux pages et qui n’épargne pas divers noms propres et références à des médias populaires de communication, qui sont inévitablement liés aux organisations insurgées qui visent à conclure un processus de paix, et réitère chaque fois des menaces de mort.

Il y a une semaine, a circulé une lettre avec la signature du même groupe paramilitaire. Cette fois-ci, ils menaçaient les journalistes et travailleurs de canaux publics de télévision comme Telesur et Canal Capital et l’organisation internationale Reporters sans frontières.

Le groupe Águilas Negras, tout comme les autres groupes résiduels de l’activité paramilitaire continuent d’utiliser des stratégies d’intimidation à l’égard de toutes les expressions sociales et politiques qui se montrent critiques envers le modèle de politiques guerrières qui, ces dernières années, sont remis en question par des secteurs de plus en plus nombreux de la société qui appuie les dialogues de paix. Durant la campagne électorale, ils dirigeaient leurs menaces envers les candidats politiques de la Unión Patriótica (UP) et du Polo Democrático Alternativo (PDA). Durant les grèves agraires, ils ont fait de même avec les organisations et leaders paysans. Et lorsque le débat est devenu universitaire, ils ont pointé le mouvement étudiant.

Dans ce cas-ci, les différents journalistes et médias de communications touchés se sont protégés de ces menaces via des mécanismes de prévention adéquats, comme la divulgation de cette nouvelle menace à la Fondation pour la liberté de presse colombienne (FLIP) et d’autres instances internationales de dénonciation.

Cet article n’a pas voulu reproduire le texte intégral du communiqué, et ce volontairement, afin de protéger les personnes et médias de communication qui y sont mentionnés, en attendant les dénonciations des instances collectives et les actions conjointes qui seront prises.

Colombia Informa se déclare solidaire des journalistes et médias de communication menacés et sollicite l’élargissement des réseaux de dénonciation. Nous sommes convaincus que ces faits, échos d’une violence systémique qui perdure depuis des décennies, loin d’intimider, doit provoquer l’effet inverse, c'est-à-dire renforcer les liens de solidarité et d’unité entre celles et ceux qui, dans le domaine de la communication ou toute autre secteur social, savent qu’ils et elles font partie d’un peuple qui veut construire son avenir avec des valeurs d’espoir et de dignité.

Auteur.trice
Colombia Informa