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05/10/2011

Le barrage Quimbo dans la province du Huila, en Colombie est un des plus grands projets d'infrastructure en construction dans le pays. Il est prévu que le barrage commence à fonctionner en 2014. La région de Quimbo est riche en biodiversité indigène et regorge de terres agricoles fertiles. Néanmoins, de la même taille qu'est le projet, il y a de nombreuses conséquences écologiques et sociales reliées à ce méga-projet : le rocher sur la rivière Magdalena, le pont sur la Yaguilga, l'église de San Jose de Belen, les plantations de cacao de la rivière Loro, les villages de La Escalereta et de Poira sont quelques-uns des lieux qui ont toujours existé mais que le barrage menace de détruire.

 

Dans les derniers mois, les populations locales ont dénoncées beaucoup d'entorses à la loi : dommages écologiques, des augmentations du coût de la vie, des préjudices psychologiques, des abus contre les communautés comme la destruction de sources économiques régionales.  

 

 


Les allées et venues du barrage hydroélectrique

Déjà en 2007, l'entreprise Emgesa parcourait le territoire pour accrocher des drapeaux de différentes couleurs, afin de démontrer l'étendue du barrage. Aussi, elle offrait des cadeaux aux écoles et influençait les tables de concertation, dirigé par le ministère de l'environnement, du logement et du développement territorial ainsi que par les élus du département de Huila. «L'objectif de ces tables était de protéger les droits des habitants des communautés et d'en arriver à des accords avec l'entreprise. Depuis un certains temps, nous constatons que ce qui se dit à ces tables est une tromperie, des mensonges et que l'intérêt véridique du Ministère était de recueillir des signatures comme preuve qu'il aurait des appuis locaux au barrage. Pour ces raisons, nous avons quitter les tables de concertations. Nous avons revirer notre chemise de bord en formant l'Association des Victimes du projet hydroélectrique El Quimbo (Asoquimbo). Muni d'un conseil juridique, nous sommes en mesure d'intégrer toutes les personnes qui sont ou seraient affectées par le barrage. Au sein d'Asoquimbo toutes les décisions se prennent par consensus. Nous luttons pour défendre nos droits et ceux de la terre », explique Elsa Ardilla, présidente de Asoquimbo.

 

Récemment, il y a une vague constante de déclarations, de rencontres, d'articles journalistiques, de concerts, de documentaires et renseignements internationaux pour prouver que le projet ne devrait pas se réaliser ainsi. Ces actions visent surtout à proposer l'alternative d'une réserve agroalimentaire paysanne qui serait une bien meilleure option pour la région du Quimbo. En mars et mai 2009, il y a eu d'importantes manifestations à Neiva et en décembre 2010 des blocages routiers ont eu lieu à Rio Loro. Le cas de ce méga-projet a été mentionné dans les câbles de Wikileaks.

 

Malgré tout cela, une licence environnemental a été octroyé à Emgesa-Endesa-Enal pour la construction du barrage. À ce jour, la licence a été modifié à trois reprises et l'entreprise n'a même pas remplit ses obligations envers le milieu naturel et les communautés. Une étude de International Rivers sur les gestionnaires du projet El Quimbo conclut qu'ils ont «une méconnaissance de la réglementation environnemental et des procédures légales. De plus, le projet a été mit en application en omettant la participation des gens affectés par le barrage ».

 

Avant cela, Sandra Chavarro Montero, de l'équipe de la direction technique du projet de El Quimbo affirmait au mois de mars que dans l'étude des conséquences environnementales tous les impacts y était identifiés et qu'un plan de gestion écologique serait mis sur pied pour diminuer, compenses ou contrôler les impacts en question. Lorsqu'on la questionne sur la réserve forestière protégée de l'Amazonie, sur la résistance locale contre le projet, la frustration des gens affectés ou les irrégularités du processus, Chavarro insiste comme l'État colombien que Emgesa doit respecter le plan de conduite approuvé par le Ministère et suivre les autres requêtes établies par la licence environnementale.

 

Le 24 février 2011, pendant que le Président Santos et les médias creusaient la première pelletée de terre du barrage, le conseil municipal réagissait fortement contre la répression dans le village de Gigante. Les manifestations se sont continuées dans plusieurs villes, secondé par une audience publique contre les méga-projets, à Bogotá. Un mois plus tard, c'était au tour de la défenderesse du peuple d'exiger la révocation de la licence d'Emgesa pour le projet hydroélectrique El Quimbo. Peu après, Asoquimbo organisait une assemblée de plus de 300 personnes durant laquelle Miller Dussan de la Plate-forme Sud des organisations sociales affirmait «qu'il reste claire que la défenderesse du peuple est contre le projet. Les compensations que la compagnie devaient remplir vis-à-vis les impacts écologiques, les propriétaires et les paysans vivant des terres ciblées par la construction du barrage, n'ont pas été effectuées. À partir d'aujourd'hui, tous les dialogues sont suspendus avec Emgesa-Endesa-Enel. Nous continuons à être ferme que la zone affectée doit nécessairement devenir une réserve agroalimentaire paysanne.» Bientôt, Asoquimbo réalisera un congrès pour les droits des victimes du barrage, avec la participation de l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation des États Américains. L'organisme régional (Asoquimbo) continue de grandir et d'augmenter la participation des communautés. Chaque jour, ils acquièrent plus d'expériences et connaissances sur la lutte pour conserver leurs terres. L'idée d'une réserve agroalimentaire paysanne est aujourd'hui un projet de vie pour la région, centrée sur la participation directe des habitants. C'est aussi un projet éco-social géré par les communautés par leur propre vision et sensible à leurs nécessités.

 

Plus loin qu'El Quimbo

 

El Quimbo, dans la province du Huila, n'est qu'une des polémiques dans laquelle est impliqué Emgesa-Emdesa-Enel. En 2008, lors de la dernière session du Tribunal Permanent des Peuples, la compagnie a été dénoncé pour avoir violer les droits des travailleurs, d'enfreindre la sécurité industrielle et pour la destruction écologique des rivières Bogota et Guarino.

 

Au sud dans la Patagonie chilienne, un lieu écologique unique en soi, Emdesa est accusé d'avoir détruit des lieux sacrés du peuple Mapuche. Il cherche à construire plus de barrages malgré la lutte constante des organisations locales qui luttent aussi pour défendre don territoire.

 

El Quimbo est un méga-projet qui se dit être vert, même si son impact environnemental et social se fait déjà ressentir. Ce dernier n'est qu'un des nombreux méga-projets énergétiques pour l'extraction des ressources naturelles sur le continent. Avec El Quimbo l'histoire ne fait que se répéter...

 

Auteur.trice
Jonathan Luna Cabrera