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27/09/2016

Au mois de juin dernier, les FARC et le gouvernement de la Colombie ont annoncé la fin du conflit armé. Le 24 août 2016, les deux parties ont signé un accord final. À ces deux occasions, la nouvelle a été reçue par le peuple colombien avec des effusions de joie, de larmes, de baisers et d’accolades. Plongé dans un état d’exaltation en voyant ces évènements à l’écran, le peuple célébrait. On aurait dit une de ces réunions charismatiques de prêcheurs télé-évangélistes aux États-Unis. Comme dans ces rassemblements religieux, il n’y avait pas de place pour le doute. La foi exigeait de croire aveuglément ce qui avait été annoncé. Celui ou celle qui en doutait ou se posait simplement une ou deux questions était condamné aux flammes éternelles de l’enfer.

Les ONG et les prétendus « intellectuels de gauche » ont abordé la question de la paix comme une église qui, en dépit d’une déclaration ou d’un article mettant de l’avant la nécessité de discuter de la paix, ne permet pas qu’on adresse une quelconque critique à l’accord final. Ils veulent « discuter » de la même manière qu’un évangéliste discute d’un verset de la Bible ou un musulman fondamentaliste un verset du Coran. Le texte ne peut être erroné, qu’il s’agisse de la bible, du Coran ou de l’accord final. Pourtant, il faut en discuter.

La paix qui nous attend

Quel type de paix nous attend? Quels sont les acquis de cette paix? Et la gauche pense-t-elle réellement continuer la lutte après la signature de l’accord? Ce sont des questions auxquelles il faut réfléchir. Les déclarations faites à La Havane par le commandant des FARC jettent la lumière sur ce qu’ils comptent faire et le chemin qu’ils pensent tracer.

Dans son discours annonçant la fin du conflit, Timochenko a déclaré que les forces armées ont été les adversaires des FARC, mais qu’« à l’avenir, nous serons des forces alliées pour le bien de la Colombie. Son infrastructure et ses ressources peuvent être mises au service des communautés pour répondre à leurs besoins, sans permettre aucune détérioration de ses capacités qui lui permettent d’accomplir son rôle constitutionnel de protéger les frontières ». Ce n’est pas une description anodine, les FARC croient vraiment que les forces répressives de l’État seront leurs alliées au service du peuple colombien. Le commandant de l’Armée a une tout autre opinion sur la question. Il a d’ailleurs bien mieux décrit les choses que Timochenko.

Dans une de ses déclarations au journal El Tiempo, le général Mejía a jeté les perles aux pourceaux :

Il s’agit de la transformation d’une armée qui a compris qu’elle avait gagné la guerre, une armée qui a la stature, la morale et l’éthique pour s’occuper de son ennemi depuis 52 ans. L’ONU et les FARC ont demandé que tous nos efforts soient mis en œuvre afin d’arriver à la fin du conflit et assurer la protection des FARC lors de leur passage de l’illégalité à la légalité…
Pour nous, ce n’est pas une humiliation, mais plutôt un honneur parce que celui qui prend sous sa responsabilité son ennemi est celui qui a gagné la guerre. Celui qui prend son ennemi sous sa responsabilité est celui qui garde les armes. C’est aussi celui qui porte l’uniforme de la République [1].

Cela revient à dire qu’ils sont les geôliers des FARC. Dire que ce sont des alliés revient à dire que l’INPEC est l’allié des prisonniers à l’ombre des pénitenciers colombiens. Au fond, la question n’est pas de savoir qui protège qui. Au bout du compte, ce n’est que la révélation au grand jour de l’état décrépit des FARC, ce que le général a souligné quelques jours plus tard.
180 jours après l’inauguration des zones de transitions fédérales, l’armée colombienne est celle qui garde les armes et qui continuera de porter l’uniforme de la patrie. L’armée qui a gagné la guerre continuera de lutter pour la sécurité des Colombiennes et des Colombiens [2].

Le général n’a jamais parlé d’être l’allié de quiconque. Il a plutôt parlé de servir l’État colombien avec tout ce que cela implique.

Enfin, il faut demander aux FARC si leur nouvel allié et celui du peuple est un allié de tous. Il semblerait que les FARC le pensent. Quelques jours avant de déclarer la fin du conflit, le ministre de l’après-conflit Rafael Pardo (le même qui, en 1994, avait légalisé le paramilitarisme derrière la façade Convivir) a annoncé une imposition favorable pour les entreprises qui désirent investir dans lez zones dites de post-conflit. Selon Pardo, « ce sont des zones que tout le monde connaît, des zones qui ont été le foyer du conflit, des zones sur lesquelles les investissements étaient restreints, en raison du conflit. Il est question de régions comme celles du Pacifique, du Chocó ou du Nudo de Paramillo » [3].

Quel genre d’entreprise investira dans ces zones dont certaines sont reculées? Pour commencer viendront des entreprises minières et pétrolières. Le président d’Ecopetrol a déjà annoncé que la fin du conflit permettrait l’accès à ces zones, jusqu’alors inaccessibles, pour la prospection afin de trouver des ressources énergétiques. Arriveront ensuite des entreprises agricoles pour l’exploitation de la palme, de la cane à sucre, entre autres produits. Nous n’inventons rien. Ce que souhaitent les entreprises étrangères comme Cargill et les entreprises nationales comme les industries du Cauca, c’est s’approprier les terres de ces zones. Cela est de notoriété publique et provoque d’importants débats. La loi ZIDRES fait état des plans du gouvernement. Timochenko a fait référence à cette loi dans son discours. Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les paysan.nes qui s’installeront sur ces terres, mais les multinationales. Puis, lorsque ces entreprises arriveront, elles seront accompagnées et protégées par les forces de l’État.  Est-ce que l’armée sera une alliée des FARC et du peuple en cette occasion? C’est une question à laquelle les partisan.nes du processus de paix devront répondre. De plus, si une contestation paysanne à la loi ZIDRES trouble la paix, que diront-ils? Nous pouvons déjà répondre à cette question. Les paysan.nes qui contesteront la Loi ou l’ordre seront perdu.es, et ce, au nom de la paix.

Les FARC décident de l’avenir des luttes sociales. Ils rendent légitimes non seulement l’État, mais également ses forces répressives qui ont tant fait coulé le sang de leaders sociaux en 50 ans. Ils n’en restent pas là. Ils ont également légitimé l’impérialisme des États-Unis, préparant une nouvelle relation avec ce pays, ainsi qu’avec ses multinationales. En vérité, cette relation n’a rien de nouveau. Il est inutile de dire que les FARC, les ONG et « les intellectuels de gauche » ont déjà une bonne opinion de l’impérialisme européen, ce qui n’est pas nouveau non plus. L’intérêt des pétrolières européennes dans le conflit est bien connu. Dans une entrevue donnée à la télévision russe, Timochenko a déclaré :

Pour nous, il est clair que le processus de paix s’est effectué grâce à l’approbation des États-Unis, qui avaient déjà investi massivement dans le conflit grâce au Plan Colombia. Ils ont dépensé plus de 10 milliards de dollars et avaient embauché des conseillers et des mercenaires-espions qui accompagnaient les différentes unités militaires. Avec tous ces moyens, appuyés par l’Angleterre et Israël, ils ont fait preuve d’ingérence et ils n’ont pu nous vaincre.

À quoi sommes-nous en train d’assister? À une ingérence pour obtenir la paix, dont la nature [impérialiste] reste la même en dépit de ses objectifs [4].

Il reconnaît ainsi la nature des interventions des États-Unis, mais croit tout de même à leur bonne volonté au moment d’achever le processus de paix, et ce, pendant qu’ils bombardent l’Iraq, la Syrie et l’Afghanistan. En fait, il va même jusqu’à prétendre que les États-Unis et l’État colombien reconnaissent que le bombardement de Marquetalia était une erreur. Rien ne nous permet de croire ni à cette bonne volonté ni à cette prétendue reconnaissance des erreurs du passé. Ce qui a vraiment changé, c’est la « menace » que représentaient les FARC pour les gringos et qui n’est plus.

Ce n’est pas pour rien que, en 2006, les FARC ont fait parvenir un message à Uribe, par l’entremise de Henry Acosta, lui disant : « Dites au président Uribe que nous ne voulons ni prendre le pouvoir ni que ce pays devienne socialiste. Nous ne voulons qu’un système économique propre au bien-être de la population et qui est subordonné aux principes de l’équité et de la justice sociale » [5]. Loin d’eux, l’idée de lutter pour la terre et la justice sociale remplace toute prétention socialiste. Bien sûr, malgré ces déclarations, les ONG n’engendrent pas la justice sociale et encore moins, il va sans dire, le socialisme. Enfin, cela leur convient parfaitement, puisqu’ils ne pensent qu’à leur propre intérêt. Ils ne cherchent qu’à profiter de la paix comme ils ont profité de la guerre.

L’ouverture d’une nouvelle voie

Iván Márquez projette une image des négociations qui, en plus de se distancer de la réalité des FARC, nie le rôle qu’ont joué les organisations paysannes, ouvrières et de défense des droits de la personne pendant les 50 dernières années. Selon ce commandant des FARC, l’accord de paix n’est pas une fin en soi, mais plutôt un nouveau départ pour qu’un peuple multiethnique et multiculturel, uni sous le drapeau de l’inclusion, soit orfèvre et sculpteur du changement et de la transformation sociale que demande la majorité.

Aujourd’hui, nous confions au peuple colombien le pouvoir de transformer la société que nous avons bâtie pendant plus d’un siècle de rébellion pour que, avec ce pouvoir et l’unité du peuple, nous puissions commencer à construire la société à venir, celle de notre rêve collectif, un sanctuaire consacré à la démocratie, à la justice sociale, à la souveraineté et aux relations fraternelles et respectueuses avec le monde entier [6].

Ce sont là de belles paroles (et le reste du discours est encore plus beau), qui seront écrites dans les livres après la démobilisation. Toutefois, la véracité de ces propos est incertaine. Il a raison en ce qui concerne un nouveau départ. Pour le reste, peu vraisemblable, le temps nous le dira. Il n’est pas sûr qu’ils confient vraiment aux Colombiennes et aux Colombiens un « pouvoir de transformer la société ». Ce pouvoir a toujours été détenu par le peuple, ne serait-ce que grâce aux organisations paysannes et ouvrières qui l’ont démontré à de nombreuses reprises dans les grèves, les manifestations et les morts qu’elles ont laissés derrières elles. Qui plus est, ils ne commencent pas à construire une société nouvelle, car il y a déjà beaucoup de temps que les FARC avaient commencé à la construire. Il est curieux que les FARC et l’État nient la diligence dont ont fait preuve les communautés à répétition.

Il est évident que le conflit ne se termine pas. L’ELN n’est arrivé à aucun accord avec le gouvernement et les conflits sociaux se poursuivent. Qui plus est, l’État se réserve le droit de répondre aux mobilisations de la population par des moyens légaux (police, armée, fiscalía) et extralégaux comme les paramilitaires. Deux jours après la signature de l’accord final, un dirigeant A’wá a été assassiné à Tumaco. Plus tard, quelques heures avant la dernière révision de cet article, nous avons reçu la nouvelle de l’assassinat de trois paysans dans la municipalité d’Almaguer, dans le Cauca, dans laquelle les entreprises minières tentent de s’établir. Les « intellectuels de gauche » sont restés muets comme des carpes en ce qui concerne les problèmes des négociations de La Havane. À peine commencent-ils à signaler que ce n’est pas la fin du conflit et que l’accord ne règle pas tout, pour ne pas dire qu’il ne résout que peu ou rien. Cependant, il donnerait la possibilité de tracer une voie distincte. D’une certaine manière, ils ont raison. Il est vrai que l’option de la lutte armée est écartée par beaucoup, mais seulement s’il est possible de tracer une voie distincte. Nous savons déjà que les FARC ne pensent pas à cela. Il y a beaucoup de raisons de croire que ces « intellectuels de gauche », les ONG et beaucoup d’organisations n’y pensent pas non plus. Si c’était le cas, ils auraient commenté la loi ZIDRES qui se contente de réitérer les lois en vigueur sans modifications significatives. Le silence qui règne depuis sa publication nous dit tout de ce que nous pouvons espérer d’eux sur ce point et sur d’autres. Ils servent l’État et non le peuple.

L’ELN et la paix

L’ELN a publié un communiqué dans lequel ils affirment qu’ils ne sont ni concernés par l’accord ni obligés au contenu de ce dernier signé par les FARC. Cela va de soi. Même si les FARC et l’ELN ont des points en commun, ce sont deux organisations distinctes. Chacune a sa propre histoire, son propre cheminement, sa propre idéologie. L’ELN affirme également que l’accord ne résout rien et déresponsabilise l’État.

Il est évident que le principal objectif du commandement des FARC est de voir leur organisation légalisée. Pour cela, ils sont prêts à accepter les accords qui acquittent l’État de sa responsabilité dans la guerre sale et le terrorisme d’État. Par la même occasion, ils dénaturent les fondements essentiels du droit à la rébellion. Ainsi, le gouvernement nie la nature politique du soulèvement armé et maintient intact le régime honteux de violence, d’exclusion, d’inégalités, d’injustice et de pillage [7].
Le communiqué a donné lieu à une réaction furieuse des ONG et des « intellectuels de gauche » qui pleurnichent parce que l’ELN ose refuser de se soumettre à l’État et va jusqu’à critiquer le contenu insignifiant de l’accord signé à La Havane. Camilo González Posso a admis que les demandes de l’ELN concernent des questions abordées, entre autres, par des universitaires. Cependant, il affirme que l’ELN demande trop et que ses demandes sont déraisonnables. 

Les déclarations de l’ELN font état de son désaccord avec l’essentiel des ententes entre le gouvernement et les FARC à La Havane. Il faudra entrer en détail en ce qui concerne ses ententes, relativement aux thèmes de la justice, de la participation et de la mise en œuvre de réformes rurales, politiques, authentiques et qui tiennent compte du droit des victimes. S’ils étaient en « accord avec l’essentiel », la réalité des négociations serait tout autre. Assurément, l’ELN prétend pouvoir obtenir davantage que les FARC en réformes sociales et dit pouvoir négocier le jugement de l’État pour sa responsabilité dans la guerre sale et le génocide, terrorisme d’État. Toutes ces prétentions peuvent être interprétées comme une entrée dans le processus de paix. Toutefois, il ne faut pas y voir une ligne rouge, car il est très peu probable, étant donné la manière dont vont les choses, que le gouvernement négocie à Quito une condamnation du terrorisme d’État, ce que 20 ans de mouvements sociaux et de revendications nationales et internationales n’ont pu obtenir [8].

D’autres furent encore plus véhéments dans leur condamnation des membres de l’ELN qui ont osé critiquer les accords. Pour sa part, Lucho Celis a dénoncé l’ELN dans des termes qui auraient provoqué le rire dans un autre contexte et qui nous montrent jusqu’où vont les ONG pour la paix. Il répète le vieil adage : « Ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi ». Selon Celis :

Il faut bien reconnaître que l’ELN a eu la transparence de déclarer qu’ils ne prendront pas part dans cet accord de paix qu’ils associent avec Uribe. Leurs arguments diffèrent, mais l’extrême gauche (à laquelle appartient l’ELN) se distance du processus de paix avec les FARC et le critique. Il en est de même pour l’extrême droite, dont font partie le Centre Démocratique (Centro Démocratico) et la direction d’Álvaro Uribe.

… l’ELN s’est fixé des objectifs ambitieux en tant qu’opposant à la solution négociée et désire qu’un futur accord de paix touche à toutes les problématiques qui, selon son idéal politique et sa compréhension de l’avenir, doivent être réglées par l’inclusion « des transformations nécessaires pour modifier la réalité du pays » [9].

Nous avons là un exemple parfait de ce que signifie la paix pour les ONG, les « intellectuels de gauche » et partisan.nes du processus de paix. Ils refusent de parler de transformations sociales, de dépasser les limites et de discuter des communautés qui se battent pour les terres contre les grandes entreprises minières. Ils sont le reflet d’une extrême droite dirigée par Uribe. Il faut tirer quelque chose au clair. Il n’y a aucune différence, tant minime soit-elle, entre la vision socio-économique de Uribe et celle de Santos. Les partisans du processus de paix ont propagé ce mensonge selon lequel il y a deux modèles pour le pays. Aussi, Celis a marqué un point, comme l’ont fait les modérés tout au long du conflit. Il y a un ennemi interne et s’il n’accepte pas la proposition de l’État, il devient l’allié de l’ennemi ou fantôme tour à tour. La paix est le nouveau mantra qu’il faut répéter encore et l’accepter sans aucune critique, tou.tes pour la paix! Les coiffeurs pour la paix! Les pâtissiers pour la paix! Cependant, il n’y aura pas de prostitué.es pour la paix. Ce titre a été volé il a de cela longtemps par le cortège des prétendus intellectuels.

Si l’ELN se trompe dans son communiqué, c’est parce qu’il arrive 4 ans trop tard. Ce que nous soulignons maintenant était prévisible et certain.es de nous l’ont souligné dès les débuts du processus. Si l’ELN l’avait fait plus tôt, il aurait pu donner le coup d’envoi à un débat public sur les réussites d’un processus de paix avec les FARC et avec eux. Si les « intellectuels de gauche » avaient analysé et critiqué publiquement le processus, s’ils avaient lutté pour un processus ouvert, s’ils avaient discuté les accords avec un regard critique, nous assisterions aujourd’hui à un autre débat et nous pourrions proposer une assemblée constituante. Les partisans du processus nous assurent que les FARC obtiendront ce qu’ils veulent et ils n’accepteront pas moins. Ce n’était ni le premier ni le dernier mensonge qui est sorti de leur bouche.

L’assemblée constituante

L’idée d’une assemblée n’est pas mauvaise. Elle peut réunir différents secteurs de la société, la gauche et les démocrates, qui n’abondent pas, mais qui existent. Certains articles de Jaime Araujo Renteria, ex-président de la Cour constitutionnelle, circulent sur Internet. Il y appelle à une assemblée constituante, au moment du référendum prévu pour le 2 octobre. Ses arguments sont solides. Ce serait plus démocratique; il serait possible de discuter de l’avenir du pays et, contrairement au référendum, il ne s’agirait pas d’un scénario où nous aurions à tout accepter ou tout refuser. Dans tous les cas, le gouvernement a rejeté cette idée il y a un moment, ce que les FARC ont ensuite accepté sans broncher. Cela nous permet de voir que l’un des problèmes du processus de paix avec l’ELN est justement son insistance sur les mécanismes de participation du peuple.

De toute façon, une assemblée constituante ne naît pas de rien. Elle doit naître d’un processus et d’une demande populaires. Le processus en marche tourne le dos au peuple. Il répond à une demande des ONG et non à celle du peuple.

Le référendum

Selon les dires des partisans, c’est le 2 octobre que la Colombie votera sur l’accord final. Dans les faits, la réalité est complexe. Il n’existe aucune réelle alternative. Le référendum ne constitue pas un véritable choix. Le choix qui se pose est entre un « oui » pour terminer les hostilités avec les FARC et un « non » pour poursuivre les hostilités. Ladite option de Hobson, ça ou rien. Il est probable que les gens votent « oui », car, au bout du compte, qui veut la guerre? Cependant, il n’y a ni discussion ni vote sur le contenu de l’accord final. Les partisans du processus ne veulent pas compliquer les choses. Pour eux, si les Colombiennes et les Colombiens devaient voter sur le contenu de l’accord, ce serait un problème. Concrètement, l’accord signifie l’immunité des militaires, un « non » clair et net à la réforme agraire et l’immunité totale pour les entreprises qui ont financé les paramilitaires et commandé des assassinats, pour ne mentionner que trois exemples. Malgré cela, il y a des organisations syndicales comme Sinaltrainal qui discréditent différentes parties de l’accord final, mais qui ont l’intention de voter « oui ». Ils continuent aussi de demander une assemblée constituante. Toutefois, ce qu’ils n’osent dire, c’est qu’ils acceptent les politiques sociales de l’État et du gouvernement Santos et les violations des droits de la personne par le simple fait de se montrer en faveur des accords.

Enfin, après quatre ans de négociations à La Havane, le pays ne votera pas sur les négociations, mais sur la fin des hostilités avec les FARC. La gauche, les mouvements sociaux ne débattent pas sur les mérites de l’accord, parce qu’ils savent qu’il représente peu ou rien de bien. Il n’existe pas de condamnation plus sévère des négociations des quatre dernières années, desquelles personne ne se soucie au moment de voter. L’envergure de l’écroulement des FARC se voit dans l’irrévérence du contenu de ces accords pour le pays.

Bienvenu à la fin du militarisme des FARC et au peu souhaitable réformisme qui le remplacera.

Contact : goloing@gmail.com

[1] El Tiempo (24/08/2016) ‘Cuidar a las Farc no es humillación, es el triunfo sobre el enemigo’ www.eltiempo.com
[2] El Tiempo (29/08/2016) ‘El ejército que quedará con armas es el de la República de Colombia’ entrevista con María Isabel Rueda www.eltiempo.com
[3] RCN (17/06/2016) “Habrá incentivos tributarios para empresas que inviertan en zonas de posconflicto”: Consejero Rafael Pardo. www.rcnradio.com
[4] RT (29/08/2016) Detrás de la noticia : Entrevista exclusiva con Timoleón Jiménez ‘Timochenko’, con Eva Gollinger www.rt.com
[5] Jesús Pérez González-Rubio, Semana (25/08/2016) La paz es el camino, www.semana.com
[6] Discurso de Iván Márquez, La más hermosa de todas las batallas www.pazfarc-ep.org
[7] ELN (08/08/2016) Por La Paz, La Resistencia Continúa : Declaración De La Dirección Nacional Y El Comando Central, del Ejército De Liberación Nacional www.eln-voces.com
[8] González Posso, G. (08/08/2016) El ELN y La Paz Completa, www.indepaz.org.co
[9] Celiz, L.E. (17/08/2016) Las condiciones del ELN para negociar: ¿convicción o estrategia? www.pacifista.co

Source : https://puebloscaminando.wordpress.com/2016/08/30/las-farc-la-paz-y-sus…

Auteur.trice
Gearóid Ó Loingsigh (Pueblos caminando)