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20/01/2015

En décembre 2014, on apprenait que la compagnie Talisman, multinationale d’exploration et de production pétrolière et gazière, une des plus grandes sociétés canadiennes indépendantes, faisait l’objet d’un rachat par la compagnie espagnole Repsol, en échange de 13 milliards de dollars américains. Talisman exploite au niveau international depuis 1992. Elle est connue au Québec pour ses projets dans les gaz de schiste et est vivement critiquée pour son implication au Soudan, en Indonésie, en Malaisie, au Vietnam, en Australie, en Irak et en Algérie… pour ne citer que ces exemples. En 2013, elle détenait en Colombie des intérêts sur 4.2 millions d’hectares nets du territoire, droits d’exploitation et d’exploration dans des zones hautement militarisées où ses intérêts privés priment sur les droits fondamentaux des communautés affectées.

Entre autres, notons que Talisman détient 45% de la production d’un champ pétrolier dans la municipalité d’Acacias, département du Meta, champ qui serait le plus grand projet d’exploration que connaît la Colombie depuis les dernières années. Elle réalise également diverses explorations par ondes sismiques dans le Meta en partenariat avec Pacific Rubiales Energy (chacune possédant 50% des parts dans ce projet).

Mais surtout, en 2011, elle a acquis une bonne partie des actifs de la British Petroleum Exploration Compagny, groupe britannique qui a vendu la totalité de sa filiale colombienne à un consortium constitué à 51 pour cent de la compagnie pétrolière colombienne Ecopetrol et à 49 pour cent du groupe pétrolier (à l’époque) canadien Talisman. Par cette entente, les deux multinationales, sous le nom d’Equion Energia Ltd, possèdent désormais les deux plus grands réservoirs de gaz naturels du pays, principalement dans le Casanare. Elles désirent à ce titre exploiter par fracking, technique qui utilise des quantités d’eau phénoménales… alors que le Casanare fut très affecté par une grave pénurie d’eau début 2014.

Rappelons que la BP, dont Talisman a acquis une bonne partie des actifs, fait l’objet d‘une poursuite devant les tribunaux anglais depuis octobre 2014 pour ses agissements en Colombie, en lien avec la construction de l’oléoduc Ocensa. Elle est accusée de graves dommages environnementaux qui nuisent à la vie des communautés locales.

Depuis 1994, c’est Enbridge qui est propriétaire de 25 pour cent des parts de cet oléoduc, un des investissements canadiens les plus éloquents en Colombie. Pour protéger ses installations, Enbridge a embauché une société militaire britannique (Defense Systems Colombia) qui fournissait par ailleurs de l’équipement militaire à l’armée colombienne. Ocensa, le plus gros pipeline de Colombie, avec 17 bases militaires le long de son parcours et 1400 soldats assignés à sa protection, a de nombreuses fois engendré sur son passage une forte répression et de multiples violences politiques, sociales et économiques.

Outre la violence politique engendrée par la sécurisation de l’oléoduc, sa construction a détruit l’activité de subsistance d’au moins 350 paysan.nes (forcé.es d’abandonner les terres contaminées). Long de 800km, il transporte 500 000 barils de pétrole par jour, pétrole exploité… par la Talisman. Certes, en décembre 2013, Talisman vendait ses 12,5% d’intérêt sur l’oléoduc Ocensa, mais elle y possède encore des droits de transport.

Et il ne s’agit là que de la Colombie…

Alors, la Talisman a été rachetée par Repsol, une multinationale au curriculum lourd en Colombie - elle avait, en 2007, été condamnée par la session colombienne du Tribunal Permanent des peuples. Mais que les multinationales soient canadiennes ou espagnoles, les communautés affectés par les projets qu’elles mettent en œuvre continueront à se mobiliser ici et ailleurs.

Auteur.trice
PASC