Alvaro Uribe (président de la Colombie entre 2002 et 2010) a "accepté en 2010 la fonction de professeur des Universités" à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Metz (ENIM), peut-on lire sur le site internet de l'école. Contacté par l'AFP, le directeur de l'établissement Pierre Padilla n'a pas souhaité préciser depuis quand M. Uribe enseignait, ni dans quelle matière et à quelle fréquence il le ferait. Les liens entre l'ancien président et l'ENIM sont anciens. "C'est ainsi que, via l'organisme national de formation (SENA) dirigé par Dario Montoya Mejia, Alvaro Uribe a confié à l'ENIM la modernisation des centres de formation colombien afin de satisfaire les besoins en compétences des bassins industriels du pays", écrit l'ENIM sur sa page web.
Sources : AFP
L’Association TEJE s’indigne face à la nomination récente d’Alvaro Uribe Vélez comme enseignant en France
Association Travailler Ensemble Jeunes et Engagés (TEJE), 2 mars 2011
Nous, membres de l’Association TEJE, composée majoritairement d’étudiant(e)s colombien(ne)s et de diplômé(e)s d’institutions d’éducation supérieure en France, exprimons notre indignation face à la nomination récente d’Alvaro Uribe Vélez comme enseignant à l’École Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM).
Personnage controversé de l’histoire récente de la Colombie, ancien Président de la République de Colombie de 2002 à 2010, Alvaro Uribe a été impliqué dans de nombreux cas de violations des Droits Humains ; il est notamment accusé de s’être imposé dans le paysage politique grâce à des manœuvres exécutées en lien avec les narcotrafiquants et les leaders des armées paramilitaires, dont il a été, par ailleurs, promoteur dès les années 1980.
(...) Mais, plus grave pour nous, la jeunesse colombienne a été la victime principale du Président Uribe. Ce dernier a instauré une politique de récompenses à double tranchant. Dans un contexte de conflit armé existant depuis les années 1950, il promettait aux soldats des primes et des avantages pour chaque guérillero tué au combat. Ceci a déchaîné un des phénomènes les plus macabres de la dernière décennie : les « faux positifs ».
Ce sont près de 3.000 personnes, selon les estimations, dont beaucoup étaient des jeunes des quartiers défavorisés, qui ont été tuées de sang froid et présentées ensuite comme des guérilleros morts au combat, augmentant les statistiques gouvernementales en faveur d’Uribe.
Cette même politique de récompenses a œuvré à l’intérieur des universités et des lycées. Nos jeunes ont été encouragés à participer au conflit armé. Alvaro Uribe a profité de leur vulnérabilité financière pour leur proposer un salaire en échange de dénoncer leurs condisciples, qu’ils soupçonnaient d’avoir des liens avec des guérillas. Cette mise en pratique d’une politique éhontée de chasseurs de récompenses est, pour le moins sur le plan éthique, fortement condamnable.
Lire le communiqué complet sur le site de la TEJE
Lettre de protestation de parlementaires français et européens suite à la nomination de M. Alvaro Uribe en France
Mercredi, 09 Mars 2011, Parlement européen
Nous, parlementaires français et européens, tenons à faire part de notre indignation suite à la nomination de l'ex-président colombien M. Alvaro Uribe Velez comme enseignant à l'École Nationale d'Ingénieurs de Metz (ENIM), en contre-partie des contrats juteux passés entre cette institution éducative et l'Etat colombien. (...)
Nous tenons à rappeler le bilan des mandats de Monsieur Uribe en termes de droits de l'homme :
M. Uribe a mis en place une politique controversée dite de "sécurité démocratique" visant officiellement à lutter contre l’insécurité et renforcer l’Etat de droit. Dans le contexte du conflit armé que connaît la Colombie depuis plus de 50 ans, celle-ci promet notamment aux soldats, primes et avantages pour chaque guérillero tué au combat. Cette « politique du chiffre » catastrophique a eu pour effet d’inciter les militaires à assassiner plus de 3000 civils innocents, issus de quartiers pauvres, afin de les déguiser et de les présenter comme « guérilleros morts au combat »
De nombreuses affaires de corruption, d’assassinat et les révélations conséquentes à la mise en œuvre de la loi « Justice et paix » ont permis de mettre en évidence les liens forts existant entre les escadrons de la mort (paramilitaires) liés à la mafia et la famille politique de M.Uribe. Plus de 120 politiciens proches de son gouvernement ont été mis en examen et plusieurs dizaines d'entre eux ont déjà été condamnés pour ces liens criminels. M. Mario Uribe, cousin et associé politique de l'ex-président, vient d'être condamné à sept années et demi de prison pour s’être allié et avoir utilisé ces organisations criminelles afin de faciliter son élection au parlement national et pour s’approprier illégalement une grande quantité de terres fertiles.
La Colombie est aujourd’hui le 2ème pays (derrière le Soudan) qui compte le plus de déplacés internes au monde. Bien que ce phénomène ait commencé avant l’arrivée au pouvoir de M. Alvaro Uribe, on estime qu’environ 2,4 millons de personnes ont été déplacées durant son mandat. On dénombre par ailleurs l’existence de plus de mille fosses communes en Colombie. Une zone d’enfouissement de plus de 2000 corps non identifiés, « alimentée » par les militaires depuis 2005, a été récemment mise à jour dans le département du Meta. Dans d’autres régions, des rapports font état de l’existence de fours crématoires pour faire disparaître les corps des victimes.
De nombreuses affaires de corruption impliquant le gouvernement et la famille politique de M. Uribe ont émaillé son mandat. A titre d'exemple aujourd'hui son ex-ministre de l’agriculture est mis en examen pour avoir détourné d’énormes sommes d’argent de leur objectif initial (aides à la petite paysannerie) au profit de grands propriétaires terriens et pour contribuer indirectement au financement de la réélection de M. Uribe.
Sous la présidence de M. Uribe, les services secrets colombiens (DAS) ont été utilisés pour espionner, persécuter, menacer, stigmatiser et attaquer des défenseurs de droits humains, des syndicalistes, des opposants politiques, des journalistes, et la Cour Suprême de Justice ; la récente découverte de documents internes du DAS a même permis de révéler la volonté de surveiller et de discréditer la Sous-Commission des droits humains du Parlement européen, le Bureau du Haut-commissaire aux droits humains de l’ONU, et les ONGs de défense de droits humains. Parmi ces organisations ou personnes, nombreuses sont celles qui ont été explicitement désignées par l’ex-président comme « vitrine intellectuelle » des FARC, les mettant de ce fait en danger de mort.
La nomination de M. Uribe au poste de « professeur des universités » à l'ENIM n'est pas fortuite. Elle survient après l'attribution par l'administration colombienne alors que M. Uribe en était encore le président, de contrats pour de la modernisation de centres de formation colombiens (SENA). Monsieur Uribe avait du reste déjà été nommé "Ingénieur Honoris Causa de l'ENIM" à cette occasion. Rattrapé dans ces graves affaires dans son pays, il avait déjà tenté de se donner une respectabilité en se faisant nommer professeur à l'Université de Georgetown (USA). Mais cette tentative avait suscité un fort rejet de la part du milieu universitaire et de la société civile des Etats-Unis.
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