Du Coordinador Nacional Agrario, 22 janvier 2024
Les communautés paysannes, les comités d'action communautaire et d'autres secteurs sociaux de la région du centre-est colombien ont réalisé une journée de revendications face à la compagnie pétrolière canadienne Parex Resources. Ils et elles exigent que la compagnie s'acquitte de ses dettes sur le territoire. Cette mobilisation a lieu à tous les puits de la compagnie pétrolière dans l'Arauca.
"La raison pour laquelle nous faisons cette journée est liée à plusieurs éléments : d'une part, les entreprises transnationales, qui pillent les ressources ici, n'ont pas eu la volonté de réparer le fossé social, humanitaire et environnemental qu'elles ont creusé dans cette région du pays. Deuxièmement, le gouvernement n'a donné aucun signe de volonté de réaliser les investissements sociaux dont les communautés de cette région du pays ont besoin, en raison de la négligence historique dont elles ont fait l'objet", déclare Ernesto Roa, porte-parole des communautés.
Parex Resources, arrivée en Colombie en 2009, a été dénoncée pour être responsable de catastrophes environnementales telles que la sécheresse qui a causé la mort de plus de 20 000 capybaras à Casanare en 2015. En 2021, Parex devient l'entreprise indépendante qui occupe le plus de superficie sur le territoire colombien, en acquérant 18 nouveaux blocs dans le cadre de l'appel d'offres colombien et en élargissant son partenariat stratégique avec Ecopetrol S.A. en acquérant des participations de 50 % dans les blocs Arauca et LLA-38.
La semaine dernière, Ecopetrol et Parex ont annoncé la découverte d'un gisement de pétrole et de gaz dans un puits d'exploration appelé Arauca-8, situé dans le département d'Arauca. L'entreprise canadienne a expliqué que le puits a été foré à une profondeur totale de 21 010 pieds en tant qu'excavation pionnière, où les premiers tests ont conduit à la découverte d'une source d'environ 9 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour et de plus de 1 000 barils de pétrole par jour.
"Nous réalisons des journées de mobilisation depuis 1972. Si vous regardez les demandes, les besoins sont les mêmes, sauf qu'ils ont été mis à jour au fil du temps", explique M. Roa. "Les entreprises se livrent à une guerre d'enchères sur leurs contributions. Parex prétend avoir investi dans la région près de 500 milliards de pesos. Ces investissements réalisés jusqu'à présent sont appelés "travail pour impôts". Qu'est-ce que cela signifie ? Que l'argent qu'ils ont investi dans l'Arauca ne fait pas partie de ce qu'ils doivent fournir à titre de responsabilité sociale pour atténuer les impacts de leur présence, mais que c'est plutôt de l'argent des impôts qui nous reviennent à nous, colombiens et colombiennes."
Il faut rappeler que Parex a été l'une des entreprises chargées de développer le lobby pro-fracking en Colombie et l'une des trois entreprises qui ont reçu les premiers gisements pour une éventuelle exploration de cette technique d'extraction (dans le Magdalena Medio) en 2012.
Joana Pinzón, porte-parole de la journée de revendications, conclut : "La liste des revendications de cette journée synthétise toutes les demandes des communautés et de tous les secteurs qui composent le Movimiento Político de Masas Social y Popular del Centro Oriente Colombiano. La liste comprend des questions liées à l'environnement, au territoire, à l'exploitation minière et énergétique, à la productivité (usines de transformation, projets, terres), à l'éducation, à la santé, à l'eau potable, aux installations sanitaires de base et au logement. Il y a aussi un axe spécifique pour les questions autochtones et afro. Tout est condensé en une seule liste car, en fin de compte, il s'agit de demandes visant à améliorer les conditions de vie dans le département d'Arauca, parce qu'il y a eu un abandon historique de la région et qu'il y a une dette sociale à l'égard des communautés du département."