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14/10/2025

DÉNONCIATION PUBLIQUE

Graves violations de droits humains et du droit de manifester dans le département de Santander le 13 octobre 2025 dans le cadre des journées de mobilisation Aquí en la lucha

 

Nous dénonçons les graves atteintes à la liberté de manifester et aux droits humains qui sont survenues le 13 octobre 2025 dans la région de Santander en Colombie, alors qu’une membre du PASC accompagnait une manifestation dans le cadre de la mobilisation nationale « Aquí en la lucha » (Ici, en lutte).

Cette journée de mobilisation rassemblait des organisations sociales de différents secteurs de la région de Santander et du Nord-Est de Colombie afin de demander l’élimination de la doctrine de sécurité nationale, et le démantèlement du paramilitarisme, pour la construction de la souveraineté nationale et la résolution de l’urgence humanitaire et pour la défense des droits humains, la fin du génocide et la construction de la paix. Des mobilisations ont eu lieu dans différentes régions du pays.

Dans la municipalité de Socorro, dans la région de Santander, la mobilisation (d’environ 200 personnes) s’est retrouvée entourée par plus de 300 anti-manifestant·es munis de pierres, de bâtons et d’armes à feu. Durant plusieurs heures, les manifestant·es se sont fait intimider, agresser verbalement et physiquement, lancer des bouteilles et des pierres, et menacer par des gens armés qui agissaient de manière organisée et concertée. Deux personnes ont été blessées suite à des agressions physiques directes.

La situation est d’autant plus alarmante que les forces policières n’ont pas protégé la manifestation pacifique, se retirant lors de la première offensive et soutenant le groupe qui commettait les agressions, permettant leurs allées et venues en moto autour du groupe de manifestant·es, ainsi que les attaques répétées, en toute impunité.

Un groupe de 70 personnes, épuisées, ont dû marcher plus de cinq heures dans des conditions inhumaines, sans possibilité de boire, manger ou se reposer quelques secondes; puisqu’il n’y a jamais eu plus d’une vingtaine de policiers présents, les manifestant·es ont été contraint·es d’avancer au rythme des cris, menaces et projectiles qui les entouraient. Malgré l’ampleur des violences physiques et psychologiques et le dialogue constant avec les autorités, il n’a été possible d’évacuer les participant·es qu’à 3h30 du matin, soit plus de neuf heures après le début de l’agression.

Nous ne passerons pas sous silence la complicité de la police nationale dans ces graves violations du droit de manifester et des droits de la personne. Nous ne passerons pas sous silence la complicité des institutions publiques qui ont mis en danger la vie des manifestant·es ainsi que de l’accompagnement international.

De plus, le gouverneur de Santander a alimenté les attaques en publiant de façon mensongère sur les réseaux sociaux que les manifestant·es tentaient « d’envahir les terrains». Par son message, l’ex commandant militaire a incité la population et les réserves actives de l’armée nationale à se rendre sur place et se joindre à l’agression, favorisé l’escalade de la haine, justifiant les agressions et violences des groupes aux allures paramilitaires, augmentant les risques pour les manifestant·es en plus d’afficher clairement la non-neutralité des forces publiques et institutionnelles.

Nous tenons le gouvernement national responsable de ces violations, tout comme le Procureur de la nation, le ministère de la Défense et les autorités locales du département de Santander.

Nous réaffirmons, conjointement aux organisations sociales colombiennes :

  • La légitimité de la mobilisation comme expression du peuple pour exiger de vraies solutions et non la répression.

Et exigeons :

  • Le démantèlement de la doctrine militaire et du paramilitarisme, responsables historiques des persécutions et morts.
  • La défense de la souveraineté nationale face aux pouvoirs économiques, médiatiques et armés qui contrôlent les territoires.
  • La dénonciation de l’urgence humanitaire que subissent les communautés abandonnées par l’État.
  • Que les accords soient respectés et que les transformations nécessaires soient mises en place pour garantir la vie digne et la paix.

 

Texte modifié à partir d’un appel de Trochando Sin Fronteras (13 octobre 2025) et du communiqué de presse des organisations sociales colombiennes (14 octobre 2025)

Auteur.trice
PASC