Le "Comité pour la défense de l'eau et du Paramo de Santurban" est une plate-forme civique composée d'organisations de la société civile colombienne qui cherche à protéger l'écosystème du "Páramo" de Santurbán, en Colombie, ainsi qu'à défendre l'environnement et le droit à l'eau plus généralement. Il est situé dans la ville de Bucaramanga, département de Santander, et regroupe environ 40 organisations de la société civile représentant environ 75 000 personnes.
Qu'est-ce qu'un Paramo et pourquoi est-ce important? Les Paramos sont des landes spéciales des hautes terres qui sont importants pour au moins trois raisons. En raison de leurs caractéristiques climatiques, géologiques et biologiques, ils sont fondamentaux pour la régulation et la fourniture d'eau dans la région andine. Ils jouent un rôle vital dans l'atténuation du changement climatique, car ils constituent d'importants puits de carbone. Enfin, ils abritent une diversité biologique stratégique qui est liée, de manière importante, à d'autres biomes de la région andine-amazonienne. Celles-ci transcendent les frontières de plusieurs pays. L'équilibre des Páramos est délicat et dépend de conditions environnementales fortement modifiées par l'intervention humaine.
L'extraction de métaux pose un risque particulièrement saillant et inquiétant pour ces zones protégées, en raison de leurs caractéristiques hydrologiques, géologiques et biologiques spécifiques.
Au cours des dix dernières années, le Comité s’est organisé pour protéger ce bassin hydrographique des hauts plateaux andins, pour les générations futures, contre les activités minières, canadiennes et autres.
FAIRE FACE AUX PRESSIONS DE TOUS LES CÔTÉS Le Comité résiste actuellement aux attaques visant à protéger l'eau de plusieurs côtés:
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Les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS) menacent la souveraineté des défenseurs du territoire, les exposant ainsi à un risque accru de criminalisation; en plus de menacer le droit du gouvernement de protéger l'environnement. Trois petites sociétés minières appartenant à des intérêts canadiens (Eco Oro Minerals, Galway Gold et Red Eagle Mining) qui étaient auparavant impliquées dans des activités d'exploration dans la région du Paramo de Santurban demandent à être indemnisées par le gouvernement colombien. Leurs actions ont exercé une pression importante sur le gouvernement colombien pour qu'il déréglemente les restrictions environnementales imposées aux activités minières dans cette région écologiquement sensible, mais également pour réduire au silence et empêcher les communautés de protéger leurs territoires.
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Syndicat public des travailleurs de l'eau attaqué pour s'être opposé à la privatisation de l'eau: la municipalité de Bucaramanga tente actuellement de sous-traiter la fourniture d’eau municipale publique à des entreprises privées. En novembre 2018, 25 membres du syndicat des travailleurs de l'eau, SINTRAEMSDES, ont été suspendus pour avoir pris part à des manifestations anti-privatisation contre l'entreprise municipale d'aqueduc. Quatre membres du comité exécutif du syndicat sont en cours de traitement pour tenter de les renvoyer.
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L’exploitation des métaux continue malgré les réglementations: une entreprise saoudienne, MINESA, développe actuellement de manière agressive son exploitation minière dans la région du Paramo de Santurban. Contrairement aux entreprises canadiennes actuellement en arbitrage, le zonage n’a aucune incidence sur ses opérations. En effet, celle-ci est située juste en dessous de la zone de paramo désignée. Cependant, les recherches hydrogéologiques ont montré que cette mine de métaux à grande échelle aurait de graves conséquences sur le bassin versant de la région. Cette société est également le principal actionnaire de la société canadienne Galway Gold, dont le siège social est situé à Toronto, qui cherche actuellement à obtenir une compensation du gouvernement colombien dans le cadre de l'ALE Canada-Colombie.
CONTEXTE
Chronologie sélectionnée
• À partir de 2010, par le biais de marches et de pétitions, plus de 80 000 habitant.es ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition à l'exploitation minière dans la région du Paramo. Le projet Angostura appartenant à la société canadienne Eco Oro Minerals devient emblématique de l'expansion de l'exploitation minière dans les Paramos.
• En juin 2012, le Comité et une coalition d'autres organisations internationales ont déposé une plainte auprès de l'ombudsperson, conseiller en conformité, de la Société financière internationale. La plainte faisait état de préoccupations concernant la légalité du projet et ses impacts sur l'eau et la biodiversité. Il y avait aussi des préoccupations concernant la sécurité physique des membres de la communauté et l'entrave à leur droit à la liberté d'expression.
• Fin 2016, à la suite de la plainte déposée auprès de la CAO, la SFI s'est séparée de Eco Oro Minerals.
• En Décembre 2016, Eco Oro Minerals a annoncé son intention de soumettre un dossier d'arbitrage au CIRDI dans le cadre de l'ALE Canada-Colombie.
• En Novembre 2018, les membres du Comité commencent à subir une répression ciblée de leurs activités politiques alors que la municipalité de Bucaramanga tente de privatiser leurs sources d'eau.
• En Décembre 2018, le Comité a demandé au tribunal du CIRDI de demander que le statut d'Amicus Curiae leur soit octroyé dans le cadre du processus d'arbitrage Eco Oro. En février 2018, leur demande est refusée.
• En Février 2019, le comité a soumis, avec les organisations internationales AIDA, CIEL, SOMO et Mining Watch Canada, un rapport au rapporteur spécial des Nations unies sur l'eau et l'assainissement, décrivant les menaces auxquelles le bassin versant de Paramos est confronté lors d'opérations minières costumes ISDS en cours.