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08/10/2011

Le 7 octobre 2011, 168 scientifiques du monde entier ont adressé en commun une lettre ouverte à l'Union Européenne pour la mettre en garde contre les soi-disants «biocarburants». Les carburants issus de l'agriculture ne sont en aucun cas neutre en CO2, contrairement à ce que prétend l'UE.

« D'un point de vue scientifique , les biocarburants ne sont pas neutres pour le climat » selon les chercheurs. Pour ces agrocarburants, les forêts tropicales sont détruites et la faim résultant de la hausse des prix des produits alimentaires ne cesse de croître à travers le monde.

 

« Lorsque des terres agricoles destinées à la production alimentaire sont converties en champs pour cultiver les plantes à la base des agrocarburants, l'agriculture doit s'étendre sur de nouveaux territoires. Cela mène souvent à de nouvelles déforestations et destructions d'écosystèmes naturels, en particulier dans les zones tropicales des pays en développement » expliquent les scientifiques sur leur site internet.

 

« Nous ne nous basons pas sur un possible développement futur mais sur l'état actuel des choses ». Les scientifiques poursuivent dans leur courrier: « Si le changement d'utilisation des sols n'est pas pris en compte par l'Union Européenne, le but de réduire les émissions de CO2 dans le secteur des transports ne peut être atteint réellement dans la pratique. Cela ne serait en fin de compte qu'un exercice théorique sur le papier mais qui dans les faits favorise la déforestation généralisée et la hausse des prix des produits alimentaires ».

 

Les motivations de cet appel sont à trouver dans l'attitude de la Commission Européenne de vouloir à tout prix poursuivre sa politique vouée à l'échec concernant les agrocarburants. La commission a choisi d'ignorer ou de faire modifier des études qu'elle avait elle-même commandée car les résultats obtenus ne correspondaient pas à ceux souhaités, à savoir une réduction des émissions de CO2 grâce aux «biocarburants».

Le problème majeur réside dans les surfaces de terres considérables dont ont besoin les combustibles végétaux. Pour répondre à la demande de l'UE d'utiliser 10% d'énergies renouvelables dans le secteur des les transports, il faut des millions d'hectares de terres agricoles. Dans un contexte mondial où les terres cultivables se font de plus en plus rares, l'espace nécessaire sera utilisé au détriment de la production agricole alimentaire et des forêts tropicales. Les projets de l'Europe sont pourtant d'augmenter les importations de «biodiesel» à base de palme, de soja, ou d'éthanol (produit à partir de maïs et de canne à sucre).

Les signataires de ce document s'appuient sur des faits scientifiques et sont au-dessus de tout soupçon d'être influencés par quelques formes d'intérêts. Ils sont issus de tous les domaines de la science et de l'économie et viennent de pays divers comme les Etats-Unis d'Amérique, la France, les Pays-Bas, le Kenya, l'Inde, l'Australie, etc. Sont notamment signataires M. Kenneth Arrow, prix Nobel et professeur émérite à l'Université de Stanford, ou M. Daniel Kammen, spécialiste en chef des énergies renouvelables à la Banque Mondiale.

L'union européenne et le gouvernement français doivent enfin agir. Au lieu d'intervenir sur la nature, végétale au lieu de fossile, des carburants que nous utilisons de façon excessive, il est temps de penser à réduire drastiquement notre consommation. Les véhicules énergivores sur deux ou quatre roues doivent être bannis des routes, et le système de transports en communs publics renforcé en conséquence.

Sauvons la forêt, a mis en ligne une pétition adressée à la Commission Européenne
 

Le PASC a lancé en 2004 sa campagne contre les agrocarburants en solidarité avec les communautés accompagnées dans le Bajo Atrato, Choco.

 

Auteur.trice
sauvonslaforet.org