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21/04/2006
Le retour et la création de la Zone Humanitaire a donné l’occasion de recueillir de nouveaux témoignages de gens qui vivent dans la région. Un paysan a révélé qu’il y a trois ans et demi, des représentants de la compagnie URAPALMA l’ont invité à former une “Association de petits producteurs”. Au nom de cette dite association, la compagnie à part la suite fait une demande de crédits à l’institution FINAGRO qui est gérée par la Banque agraire de Colombie à Apartado. Alors que le paysan était supposément associé et titulaire des crédits accordés par l’entité pour un total de 250 millions de pesos (125 000$ can), URAPALMA n’a jamais accordé aucun bénéfice à cet homme en tant que travailleur de cette même compagnie. Quand le paysan a demandé pour l’argent qui lui était dû, Johana Quinaya, qui oeuvre comme supposée gérante d’URAPALMA, a envoyé quelqu’un pour le menacer. Peu de temps après, le paysan fut mis à pied. Un autre homme a livré un témoignage affirmant qu’aux yeux de l’État “l’huile de palme est un projet agroindustriel porté par de petits paysans et de cette façon le projet a été légalisé. Sans aucun doute, aujourd’hui, aucun petit paysan n’a reçu de bénéfices comme producteurs.”

Quelques-unes des personnes déplacées qui retournèrent nous ont raconté de quelle manière elles furent poussées à vendre leur parcelle sous le poids des menaces. Une personne menacée, par exemple, fut obligée de vendre sa terre à un prix dérisoire en 2001 après avoir été déplacé de force dans le cadre du massacre de 8 personnes et plusieurs autres assassinats sélectifs à Llano Rico entre 1997 et 1998. Une autre personne nous a informé que sa parcelle fût transférée frauduleusement et malgré le fait qu’il n’ait signé aucun document pour transférer le titre de propriété, la parcelle se retrouve aujourd’hui au nom d’une autre personne titulaire.

- Mercredi le 12 avril 2006

Vers 11h30, des unités de la police de Belen de Bajira, ratachée à la police d’Uraba, sont entré dans la Zone Humanitaire sous le commandement du majeur Sanchez de la Brigade 17 et avec la présence d’une homme vêtu de civil. Ce dernier s’est présenté comme le majeur Leal Chaparro, commandant de la police de Mutata, également ratachée à la police d’Uraba. Ils ont alors demandé aux membres de la communauté, aux accompagnateurs canadiens du PASC et aux membres de notre Comision de Justicia y Paz “que soient arrêtés les travaux et la coupe des arbres de palme et qu’il s’agirait déjà d’une question en “statut quo”, une question qui doit se définir dans les tribunes judiciaires. Cela doit arrêter, car si la cause est perdue, la communauté devra payer les dommages.”

Un des membres de Justicia y Paz a alors répondu que les travaux sont réalisés sur une parcelle reconnu par le Conseil Communautaire du Curvaradó, par les voisins, par l’institution INCORA et qu’il existe un acte dans lequel les entrepreneurs d’URAPALMA reconnaisse cette parcelle. De plus, la parcelle est exclue de la nouvelle résolution d’INCODER qui légalise des titres aux mains des entrepreneurs. Il a été ajouté que depuis le 30 mars, toutes les démarches ont été faites pour faire connaître le retour et les 5 hectares ou se construit la nouvelle Zone Humanitaire et faisant partie d’une propriété de 150 hectares appartenant à Enrique Petro. Cela a été clairement annoncé lors des réunions de suivi aux mesures provisoires de la Cour Interaméricaine de Droits Humains et également au gouvernement national à travers le Ministère des affaires extérieurs, le Ministère de la défense et la Vice-Présidence de la République.

La police a alors décidé de lever un acte dans lequel ils ont noté le nombre d’arbres de palme coupés, 130 jusqu’à ce jours, la construction de 3 petites habitations, et le nom des 12 personnes qui sont retournées dans le Curvarado sur un groupe initial de de 280 personnes qui désirent retourner. La police a également noté le nom complet des 2 membres de l’organisation PASC, basée à Montréal, et de 2 membres de la Comision Justicia y Paz. Devant cet acte écrit par les unités policières, les membres des communautés, les accompagnatrices internationales, ainsi que les membres de Justicia y Paz ont refusé de signer en réitérant qu’il n’existait aucun document écrit justifiant cette action de la police.

- Samedi le 15 avril 2006

Durant l’après-midi dans le centre ville de Belen de Bajira circulaient des versions selon lesquelles le problème qui est en train d’être généré par le retour des déplacéEs à cette nouvelle Zone Humanitaire va être réglé dans le sang et qu’il y aura des attentats contre ceux et celles qui se trouvent là-bas.

- Lundi le 17 avril 2006

À 8h40 du matin, 2 hommes vêtus de civil sont entrés sans autorisation dans la Zone Humanitaire du Curvaradó. Ils ont noté le texte écrit sur l’affiche qui sert à visibiliser la Zone Humanitaire. Ils ont également demandé si les accompagnateurs et accompagnatrices dormaient dans des tentes. Quand ils ont été abordés par les accompagnateurs-trices nationaux et internationaux, ils ont affirmé s’appeler Fransisco et Carlos pour se retirer de la Zone 5 minutes plus tard. Les habitants de la Zone Humanitaire ont reconnu un des 2 hommes comme étant travailleur des entreprises palmicultrices et son véritable nom serait en fait Leonardo. Une heure plus tard s’est approché de la Zone Humanitaire un groupe de 4 policier de Belen de Bajira sous le commandement du majeur Sanchez. Presque chaque jour depuis le retour, nous pouvons noter une présence constante d’acteurs armés, que ce soit la police, l’armée national et/ou des hommes vêtus de civil, autour et souvent même à l’intérieur de la Zone Humanitaire.

Comisión Intereclesial de Justicia y Paz
Bogotá, 21 avril 2006