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16/05/2017

Saravena-Arauca, le 10 mai 2017

Depuis l’année dernière, nous dénonçons au niveau national la recrudescence de l’activité paramilitaire dans les territoires. Cela s’est traduit par le meurtre de plus de 150 dirigeant.es sociaux et défenseur.es des droits de la personne en 2016 et plus de trente déjà en 2017, ainsi que des menaces faites par des groupes paramilitaires, par le biais de brochures contre le Congrès des peuples et les processus sociaux en général. En dépit de ces plaintes, le gouvernement national continue d’insister sur l’inexistence de telles structures, et des avancées se font toujours attendre dans les procès criminels.

Notre région n’est pas étrangère à cette réalité. Le 9 mai 2017, 11 personnes ont été détenues au centre-ville de la municipalité d’Arauca, dont neuf d’Antioquia, une de la côte et un Araucano, à qui ont été saisis des armes à feu, des munitions et trois motos de haute puissance. Ils ont été remis en liberté par le juge de contrôle des garanties, apparemment en raison de failles dans le processus d’arrestation.

Cela s’est produit suite à des dénonciations de menaces contre les dirigeant.es sociaux, comme dans le cas des camarades José Vicente Murillo du Movimiento Político de Masas Social y Popular del Centro Oriente de Colombia et Yudith Rodríguez Cuenza du mouvement communal de la municipalité d’Arauca; de cas d’extorsion dirigée par les AUC (groupes paramilitaires) contre des résident.es de la région, et de plaintes déposées par des habitant.es du village de Las Galaxias, municipalité de Tame, à propos de la présence de paramilitaires qui se déplacent en camionnettes depuis la savanne de Cravo Norte. Des membres de l’Armée nationale ont aussi annoncé la présence de paramilitaires dans la région.

Par conséquent, nous exhortons les autorités à enquêter sur les allégations, à prendre les mesures nécessaires pour protéger les défenseur.es des droits de la personne, les dirigeant.es sociaux et la population en général, et à activer le système d’alerte précoce avec les rapports de risque correspondants, visant à prévenir des actions menées contre leur vie et leur intégrité ou dans le but de restreindre l’action sociale menée.

Dans le cas présent, nous exigeons que des enquêtes pénales et disciplinaires soient menées afin de comprendre comment il se peut qu’un groupe de personnes armées, venant de l’extérieur de la région et se déplaçant avec des motos à grande vitesse, ont pu être remises en liberté ; ou, plus généralement, comment il se peut qu’un système judiciaire s’avèrant efficace au moment de poursuivre les dirigeant.es sociaux et les défenseur.es des droits de la personne soit incapable, comme c’est le cas ici, d’inculper des éléments meurtriers.

Il est important de rappeler les conséquences du paramilitarisme pour la population d’Arauca :  avec la participation directe des forces de sécurité, des dirigeant.es politiques et des entreprises transnationales, ce phénomène a donné lieu à plus de deux mille assassinats sélectifs ainsi que des cas de torture, de disparition forcée, de violence sexuelle, d’extorsion et de déplacement forcé des villageois.es, ces actes criminels ayant souvent été financés avec l’utilisation des fonds publics.

Nous espérons qu’il ne soit pas nécessaire de répéter toute l’histoire sanglante de la Colombie pour que les autorités compétentes prennent les mesures urgentes et nécessaires.

Nous recommandons aux communautés de faire preuve de vigilance et de prendre des mesures d’auto-protection individuelle et collective, ainsi que de dénoncer tout fait ou incident qui les affecte.

Nous demandons à la communauté nationale et internationale de continuer à surveiller et d’attirer l’attention sur cette grave situation.

POUR LA DÉFENSE DE LA VIE, DES DROITS DE LA PERSONNE ET LE DROIT DE VIVRE SUR LE TERRITOIRE