Projet Accompagnement Solidarité Colombie

Notre analyse du conflit

Les racines du conflit actuel

Conflit social et politique
Intervention impérialiste

Terrorisme d'État

Conflit de basse intensité et stratégie paramilitaire
Contre-réforme agraire en faveur du capital transnational
 

Les racines du conflit actuel

 

Conflit social et politique

 
La Violencia

La guerre fait rage en Colombie depuis 60 ans, mais le conflit armé tel qu’on le connaît aujourd’hui s'installe suite à La Violencia, la période la plus violente dans l'histoire de la Colombie qui éclate suite à l'assassinat, par les Conservateurs, de Jorge Eliécer Gaitán, leader du parti libéral (1948). La répression orchestrée par le Parti conservateur dégénère en véritable guerre civile où s'opposent des groupes paysans, armés et mobilisés par les élites politiques (d'un côté les conservateurs liée à la droite religieuse qui compte sur des troupes armées pour défendre les propriétés de l'oligarchie traditionnelle et de l'autre des troupes d'autodéfense paysanne mobilisées par les libéraux défendant initialement les valeurs libérales liées à la nouvelle bourgeoisie nationale). Cette période est clôt par l'accord entre Conservateurs et Libéraux (accord du Front national, 1958) mais les troupes de paysans armés n'en disparaissent pas pour autant.

 
Cadre légal pour la stratégie paramilitaire

Dès 1965, l'État décrète des règlements spéciaux qui légalisent l’entraînement et l'armement de troupes de « civils armés » par l'Armée (décret 3398 de 1965). Grâce au cadre réglementaire et au soutien de l'Armée nationale, les groupes paramilitaires, alors au service des grands propriétaires terriens et des éleveurs bovins, commencent à se structurer au sein d'une stratégie nationale de contre-insurrection. La structuration des troupes paramilitaires au niveau national est complétée en 1997 lorsque sont fondées les Autodéfenses unies de Colombie – AUC, organisation parapluie qui regroupe l'ensemble des blocs paramilitaires.

 

 Pour en savoir plus :

Histoire et analyse du paramilitarisme en Colombie, PASC.

 

Insurrection armée et conflit social

De leurs côtés, certains groupes d'autodéfense paysanne libéraux, inspirés par les révolutions socialistes qui enflamment le continent américain, entendent forcer le pouvoir à réaliser une réforme agraire pour en finir avec la concentration des terres aux mains de l'oligarchie nationale. Au milieu des années 1960, les premières guérillas marxistes voient le jour avec la création des Forces armées révolutionnaires de Colombie, (FARC, communistes) et de l'Armée de libération nationale (ELN, inspirée par l'idéologie guévariste et la théologie de la libération).

 

Le conflit social à l'origine de l'organisation des paysans au sein de l'insurrection armée est loin d'avoir disparu. Selon la Banque Mondiale, les disparités économiques en Colombie sont égales à celles qui prévalaient en 1938 : 22 millions de Colombiens vivent dans la pauvreté, 7 millions dans la misère.

 

Intervention impérialiste

 
De l'endiguement du communisme à la guerre au terrorisme en passant par la guerre à la drogue

Si la complicité des États-Unis dans les « guerres sales » qui ravagent le Cône Sud pendant la Guerre froide est largement documentée, le poids de l'impérialisme dans le conflit colombien est pourtant souvent passé sous silence. Rappelons donc que pendant la Guerre froide, les États-Unis définissent le mandat des militaires latino-américains en termes de « sécurité intérieure » (NSC no. 144/1, 1953), ce qui implique que le rôle des forces militaires consiste à combattre un « ennemi interne » (les éléments jugés « communistes » au sein de la population civile). Pour former les militaires à leur mandat de contre-insurrection, l'École des Amériques est mise sur pied, les plus grands tortionnaires des Amériques y recevront leur entraînement militaire ainsi que de nombreux commandants paramilitaires colombiens. Les manuels de la US Army utilisés dans cette école enseignent la stratégie paramilitaire et les techniques de conflit de basse intensité (disparition forcée, exécutions extra-judiciaires, etc.).

 

À la fin de la guerre froide, la présence militaire des États-Unis ne peut plus se justifier par la lutte au communisme et un nouveau discours fait son apparition. Dans son numéro de février 1987, la Military Review de la US Army soutenait ainsi que de mettre l’emphase sur un lien, réel ou inventé, entre les guérillas de gauche et le narcotrafic, permettrait au Pentagone de poursuivre le démantèlement des mouvements qui contestent l’hégémonie américaine tout en se parant d’une position morale inattaquable face à l’opinion publique. La thèse de la « narcoguérilla » est reprise par George Bush père lorsqu’il annonce, en 1989, l’Andean Initiative qui lance la « guerre à la drogue » dans la région andine. Son successeur, Bill Clinton, poursuit dans la même voie en mettant sur pied le Plan Colombie, en 1999. En 2002, le Congrès américain intègre officiellement le Plan Colombie dans la « guerre au terrorisme » sous le mandat de Georges Bush junior. Malgré le changement de discours, l'assistance militaire des États-Unis vise une même cible : les guérillas de gauche maintenant taxées de « narcoterrorisme ». 

 

Pourtant, dès 1997, l’Observatoire géopolitique des drogues de Paris informait que la grande majorité de la cocaïne arrivant dans les ports européens provenait des zones côtières colombiennes contrôlées par les Autodéfenses unies de Colombie – AUC. En effet, lorsque les intérêts des barrons de la drogue ont commencé à être menacés par la guérilla, une forte alliance entre les paramilitaires et les narcotrafiquants dans la lutte contre-insurrectionnelle est née. En grande partie pour cette raison, les experts s'entendent généralement pour dire que la lutte à la drogue est un échec total : la plantation, la transformation et l'exportation de drogue se poursuivent sans déclin significatif après plus de 10 ans d'assistance militaire et économique officiellement destinée à contrer le narcotrafic.

 

 

Le Plan Colombie

Entre 2000 et 2006, les États-Unis ont investi 4,681 milliards dans le Plan Colombie. De ce montant, 80% fût destiné à l'entraînement des forces militaires et à l'envoi d'équipement militaire et 20% fût dédié à des programmes de développement dits « sociaux et alternatifs » orientés vers la promotion de produits agricoles exportables (palme africaine, café, caoutchouc, etc.) pour se substituer à la culture de la coca. Le Nouveau Plan Colombie (2007-2013), intitulé « Stratégie pour le renforcement de la démocratie et le développement social » a pour sa part été impulsé par l'ancien président colombien Alvaro Uribe qui cherchait l'appui nécessaire pour son projet «d'État communautaire et de Sécurité démocratique ». Il obtint de Bush Junior un appui de 3 500 millions $ pour cette nouvelle phase du Plan Colombie.

 

 Pour en savoir plus :

Le Plan Colombie II, PASC.


Terrorisme d'État

 

 Conflit de basse intensité et stratégie paramilitaire

La conflit social et armé sévit en Colombie dans un contexte de « conflit de basse intensité », lequel fait appel aux techniques de guerre irrégulière : stratégie paramilitaire, disparitions forcées, exécutions extra-judiciaires, tortures, détentions arbitraires, etc.

 

Pour en savoir plus :

La contre-insurrection en Colombie : vers une économie politique stratégique, PASC

 

Assassinats politiques, exécutions extra-judiciaires et massacres

Entre 2002 et 2008, la Commission colombiennes des juristes a documenté 13 877 assassinats politiques (hors combats) et 2 312 assassinats lors de 393 massacres avec violence sociopolitique. À cette triste réalité s'ajoute le scandale des « faux positifs », soit l'assassinat de civils commis directement par l’Armée pour gonfler les chiffres de la lutte contre la guérilla. Au cours des deux mandats présidentiels d'Uribe, au moins 1122 civils ont été assassinés puis présentés par l’Armée comme des combattants « morts au combat ». La majorité des personnes assassinées étaient des syndicalistes, des leaders paysans, des jeunes sans emploi et des résidents de zones urbaines pauvres.

 

Pour en savoir plus:

Les faux positifs : Quand l'Armée colombienne assassine des jeunes pour faire du chiffre, Sara G. Mendeza

 

Les opposant-e-s politiques sont en effet les premières cibles de la stratégie des assassinats sélectifs. Depuis 1982, 5000 opposant-e-s politiques de gauche ont été assassiné-e-s. De nos jours, les syndicalistes sont peut-être les premières victimes de cette stratégie. En 2009, selon le rapport annuel de la Confédération syndicale internationale (CSI), 101 syndicalistes ont été assassiné-e-s dans le monde, sur ce nombre 48 l'ont été en Colombie, un triste bilan qui place la Colombie en tête des pays les plus dangereux pour l'activité syndicale. Selon le rapport de l'ONU sur les exécutions extra-judiciaires (2009), 98,5% des assassinats politiques demeurent dans l'impunité la plus complète.

 

Pour en savoir plus:

Dossier spécial "CRIMES D'ÉTAT" : Synthèse de ce qui a été écrit sur les Exécutions Extrajudiciaires en Colombie, MOVICE

 
Disparitions forcées, détentions arbitraires et torture

Aux assassinats sélectifs des opposant-e-s, il faut encore ajouter les personnes disparues. Selon les chiffres officiels du gouvernement, la Colombie compte actuellement 49 756 victimes de disparitions forcées. Les organismes de droits humains ont pour leur part documenté plus de 15 000 « disparition-détention », c'est-à-dire des personnes qui ont *officiellement* été détenues par l'État avant de disparaître. En ce qui a trait à la détention des opposant-e-s, la Colombie compte 12 000 personnes emprisonnées pour des motifs politiques. (Consultez à ce sujet la page sur les Prisonniers politiques.) Entre 2002 et 2008, la Commission colombienne des juristes a documenté 5 114 cas de détentions arbitraires. Une situation d'autant plus inquiétante lorsque l'on prend en compte le traitement cruel qui leur est réservé. Selon le Comité contre la torture des Nations Unies, la torture est « généralisée » en Colombie et elle se maintient en toute impunité (entre 2002 et 2008 : 1 314 cas de torture ont été documentés par la Commission colombienne des juristes, dont 96 cas de torture sexuelle). Dans son rapport de 2009, le Comité de l'ONU note même une augmentation de cas attribuables aux agents de la force publique et condamne l'usage de la violence sexuelle comme arme de guerre par les forces militaires colombiennes.

 

 

Crimes d'État

Outre les actes de torture que le Comité de l'ONU attribue prioritairement aux agents en règle de l'État, la majorité de ces crimes contre l'humanité est attribuée aux paramilitaires. Il est bon de rappeler à ce sujet que la revue no 83 des Forces armées colombiennes (1976) affirmait que « les techniques paramilitaires sont une force sure, utile et nécessaire aux objectifs politiques ». Depuis, les liens entre les forces militaires régulières et les troupes paramilitaires ne sont plus à démontrer, que l'on pense aux récents scandales de la « parapolitique » ou aux déclarations des propres chefs paramilitaires. À ce titre, l’ancien chef paramilitaire extradé aux Etats-Unis, Salvatore Mancuso, affirmait devant la Cour fédérale de Washington : « Je vais être sincère. Nous faisions le travail sale que le DAS (service de renseignements colombien) et la force publique ne pouvaient pas faire. » (18 novembre 2008) La stratégie paramilitaire est en effet l'un des piliers du conflit de basse intensité, elle se déploie depuis l'État avec le soutien actif des États-Unis et des élites économiques nationales et étrangères. Elle est financée par les grands propriétaires terriens et les éleveurs bovins, certains secteurs du pouvoir politique, le narcotrafic, ainsi que par certaines compagnies colombiennes et étrangères (pensons à cet effet aux procès contre la Chiquita Brands -ancienne United Fruit Company- et à la Drummond, accusées de financer directement les groupes paramilitaires chargées de sécuriser leurs investissements (sic)). Dans ce contexte, la mascarade de la « démobilisation » des paramilitaires est un affront direct aux victimes de crimes d'État.

 

 
 
La fausse démobilisation des paramilitaires ou la Loi de l'Oubli et du Pardon
 

Malgré le discours du gouvernement colombien qui refuse toujours de faire la vérité historique sur sa responsabilité dans les crimes paramilitaires, force est d'admettre qu'il n'y a que deux acteurs armés au sein du conflit : d'un côté l'insurrection armée (guérillas des FARC et de l'ELN) et de l'autre l'État avec ses forces régulières et irrégulières. Le dialogue (sic) entamé par le Président Alvaro Uribe avec les AUC en 2002 pour négocier leur démobilisation s'apparente d'avantage à un monologue. Malgré le « cessez-le-feu » déclaré par les AUC en 2002 et la démobilisation de plus de 30 000 paramilitaires, plus de 4000 crimes d'assassinats politiques et de disparitions forcées sont attribués au paramilitarisme depuis cette date. Depuis leur soi-disant démobilisation, les paramilitaires se sont reconstitués en différents escadrons, tels que les « Aguilas Negras », qui agissent selon les mêmes techniques et modalités opérationnelles que les AUC. Cette « démobilisation » était encadrée par la très controversée loi de « Justice et Paix », rebaptisée « loi du pardon et de l'oubli » par les organisations sociales puisqu'elle ne permettait pas de faire la vérité sur la formation, le financement et le commandement de la stratégie paramilitaire et n'offrait aucune réparation sérieuse aux victimes. En amnistiant les responsables matériels des crimes et en occultant les responsables intellectuels de ceux-ci, la mal nommée loi de « Justice et Paix » a scellé le pacte d'impunité entre l'élite politique et les forces paramilitaires qui continuent aujourd'hui à réaliser la besogne sale de l'Armée.

 

Pour en savoir plus :

Héritiers des paramilitaires : Le nouveau visage de la violence en Colombie, Rapport de HRW

Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie, PASC

 

Implication de la population civile dans le conflit armé

Face à l'ampleur des crimes contre l'humanité imputés à l'État colombien, les organisations sociales de Colombie dénoncent une logique propre au « terrorisme d'État » que nous définissons comme étant : L'usage systématique, de la part du gouvernement, de menaces et de représailles, considérées généralement illégales au sein même de sa propre législation nationale et qui a pour objectif d'infuser une terreur généralisée dans le but d'assurer l'obéissance et la collaboration active de la population dans la guerre de pouvoir mené par l'État. Précisons néanmoins que cette collaboration active de la population est également obtenue par le biais de politiques officielles de l'État comme c'est le cas pour la politique d'« État communautaire et de sécurité démocratique » mise en place par le Président Uribe Velez.

 

Selon cette politique, les citoyens ont des devoirs quant à la sécurité publique : tout citoyen qui refuse de collaborer aux activités militaires de la force publique est ainsi considéré comme « suspect » et donc présumé auxiliaire de la guérilla. Cette politique s'applique entre autres via le dit « réseau d'un million d'informateurs » et le programme de « soldats-paysans » par lequel 250 000 membres de villages ruraux ont reçu trois mois d’entraînement militaire avant de réintégrer leur communauté avec une arme et un uniforme. Outre la destruction du tissu social provoquée par de telles politiques qui génèrent une méfiance excessive entre membres d'une même communauté, ces pratiques ont en outre pour effet de convertir une partie de la population civile (soldats-paysans et informateurs) en objectif militaire au sein du conflit armé. Cette politique est en violation directe du « principe de distinction » entre combattants et population civile dicté par le droit humanitaire international.

 

Pour en savoir plus :

"L'État communautaire", son projet paramilitaire et l'effet de la concentration des pouvoirs, Mario Duran

 
Criminalisation de la dissidence

Une telle idéologie qui entend enrôler l'ensemble de la population colombienne au sein du conflit armé implique que toute personne qui critique les élites politiques et économiques du pays est automatiquement assimilée à l'insurrection armée. Le discours à la nation prononcé par le Président Uribe (8 septembre 2003) en offre un exemple clair. Il y accuse les organisations de défense de droits humains d’être « des trafiquants de droits humains au service du terrorisme ». Loin d'être un cas isolé, ce type de diffamation publique à l'encontre des défenseurs de droits humains s'intègre au sein d'une large stratégie de criminalisation des mouvements sociaux et de la dissidence politique. Nous entendons par criminalisation : l'ensemble des stratégies et actions politico-juridiques déployées par l'État pour contraindre au terrain de l'illégitimité et de l'illégalité les communautés, organisations et individus qui luttent pour l'exercice et la défense des droits humains et des droits des peuples. Ces stratégies incluent entre autres, la diffamation publique des opposant-e-s par les élu-e-s, les fonctionnaires et les médias, les montages judiciaires (falsification de preuves, usage de faux témoins, etc.) et l'utilisation arbitraire du système pénal pour judiciariser les actions légitimes des mouvements sociaux. En 2010, 130 défenseur-e-s de droits humains ont été victimes du processus de criminalisation (détention arbitraire ou investigation judiciaire).

 

 

Contre-réforme agraire en faveur du capital transnational

Sous prétexte d’une guerre de contre-insurrection prend donc naissance une série de mécanismes de répression contre la population civile en général pour le contrôle territorial et social, et de manière ciblée contre les opposant-e-s politiques (syndicalistes, leaders paysans, militant-e-s sociaux, défenseur-e-s de droits humains, etc.). L'objectif de contrôle territorial ne doit pas être sous-estimé puisque plusieurs analystes du conflit colombien avancent que la stratégie paramilitaire déployée par l'État vise avant toute chose à réaliser une contre-réforme agraire pour favoriser la concentration des terres aux mains de l'oligarchie nationale et la remise des territoires les plus riches en ressources naturelles au capital transnational.

 

Cet objectif caché de la guerre explique la situation désastreuse de la Colombie en termes de réfugiés internes. Après le Soudan, la Colombie est le pays qui présente le plus haut taux de déplacement interne de la population. Depuis 1985, plus de 4,6 millions de personnes ont été victimes de déplacement forcé, parmi celles-ci, 80% avait subi plus d'un déplacement forcé. Pour la seule année de 2008, ce sont 380 000 personnes qui ont été forcées au déplacement interne. En 2009, on estimait que près de 10% de la population nationale était affectée (à ces chiffres faramineux, il faut ajouter les réfugiés externes qui sont au nombre de 374.000 dans le monde dont 13 080 au Canada). Les déplacements forcés imputés très majoritairement aux forces paramilitaires ont opéré une réelle contre-réforme agraire dans le pays. Environ 6 millions d’hectares de terre ont été arrachés par la violence à leurs propriétaires légitimes (petite paysannerie, communautés afrodescendantes et autochtones). Ce nombre est trois fois supérieur au nombre d'hectares redistribués en 40 ans de dite « réforme agraire ». Grâce à cette stratégie planifiée, la Colombie se retrouve parmi les pays qui présente la plus grande concentration foncière.

 

Sur ces terres volées aux paysans, se déploie actuellement une vaste gamme de projets agro-industriels, d’élevage extensif, d’exploitation minière, pétrolière et forestière. La majorité des mégaprojets, qu'ils soit question d'agroindustrie ou d'extraction des ressources naturelles sont financés par des programmes du gouvernement visant soit la réinsertion des dits « paramilitaires démobilisés » soit les dites cultures alternatives à la coca et bénéficient à ce titre d'appuis financiers importants de la part des agences internationales de développement.

 

Du côté de l'agriculture, les productions mises de l'avant sont celles destinées à l'exportation et se divisent entre agrocarburants (palme africaine et éthanol principalement), café, caoutchouc et « fruits exotiques ». Ces productions qui prennent la forme de monocultures intensives, en plus d'appauvrir le sol et de contaminer les cours d'eau par l'usage de produits toxiques, sont une cause directe de la perte de souveraineté alimentaire de la petite paysannerie.

 

Outre les terres fertiles (et la disponibilité d'un large bassin de main d’œuvre généré par les déplacements forcés et le vol de terres), le territoire colombien est convoité par le capital étranger pour la richesses de ses ressources naturelles (biodiversité, eau, minerais, hydrocarbures). Règle générale, les firmes transnationales (telles que les pétrolières canadiennes Petrobank, Grantierra, Petrominerales, Talisman, et les minières canadiennes Medoro Ressources, Greystar, etc.) font leur entrée sur les territoires suite au « nettoyage » de celui-ci par les forces armées régulières et irrégulières. Après que les populations aient été déplacées et le vol de terre légalisé par les multiples lois agraires au profit de l'élite terrienne, les firmes étrangères peuvent s'installer sans craindre l'opposition. Elles auront ensuite tout le support militaire nécessaire pour « sécuriser leurs investissements » (sic), que se soit par la collaboration des forces paramilitaires qui contrôlent la population locale ou par le recours à des escadrons armés qui cassent toute organisation syndicale.

 

Pour en savoir plus :

"Un État communautaire : le développement pour tous", PASC

Loi sur les terres du gouvernement Santos : Quand le vol de terres se légalise, Azalea Robles

Pour en savoir plus sur la complicité des entreprises canadiennes, consultez notre campagne Ciblons les profiteurs canadiens de la guerre!