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22/06/2011

La Piedra, no. 8, été 2011.

En novembre 2010, le cabinet d'avocats étatsunien Conrad & Scherer annonçait que son client, les familles et amis de 111 Colombien-nes tué-es par des troupes paramilitaires, demandait à l'ex-Président colombien Álvaro Uribe Vélez de présenter son témoignage dans le cadre du procès contre l'entreprise minière Drummond Limited pour complicité dans les crimes paramilitaires. Cette poursuite judiciaire a été entamée en mai 2009 devant la Cour fédérale de Birmingham (Alabama), où se trouve le siège social de la compagnie. La Drummond est accusée d'avoir financé des troupes paramilitaires entre 1995 et 2005, période durant laquelle 111 civils ont été assassinés par des paramilitaires dans la région où opère la compagnie minière. (La Drummond exploite les mines de charbon d'El Paso et d'El Descanso, département du César, nord-est du pays.) Parmi ces crimes, mentionnons l'assassinat ciblé de cinq dirigeants du syndicat Sintramienergetica auquel sont associés 2500 des 13 000 employé-es colombien-nes de la Drummond, ainsi que le massacre de 36 autres leaders syndicaux à Cienaga, Chiriguaná et El Paso.

Selon le cabinet d'avocats, l'ex-Président avait connaissance des opérations de l'Armée nationale visant à cacher les crimes commis par les AUC (Autodéfenses Unies de Colombie, paramilitaires) et il avait également connaissance des efforts déployés par son gouvernement pour supprimer les preuves de la relation entre la Drummond et les AUC. D'autres éléments de preuves contre la Drummond sont tirés des déclarations publiques rendues par des chefs paramilitaires dans le cadre de la Loi de Justice et Paix qui réglemente la démobilisation-mascarade des paramilitaires.

Wikileaks a par ailleurs dévoilé plusieurs câbles diplomatiques qui démontrent que les autorités étatsuniennes avaient également connaissance de cette situation. En octobre 2006, un câble de l'ambassade des États-Unis informait que le nord-est de la Colombie avait connu une importante amélioration en termes de sécurité due aux opérations de sécurité privée de la Drummond dans la région. Ce même câble précise que les « gardes de sécurité privés » de la Drummond sont des paramilitaires en fonction. Selon les documents de Wikileaks, les fonctionnaires de l'ambassade étatsunienne en Colombie auraient envoyé 15 câbles à Washington, entre 2006 et 2010, pour exprimer leurs préoccupations concernant les conflits de travail chez Drummond, l'application laxiste des lois environnementales par cette compagnie et l'apparence de liens entre l'entreprise et les escadrons de la mort paramilitaires.

Auteur.trice
PASC