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17/06/2011

Après une quinzaine d'années de lutte, les communautés en résistance civile des bassins du Jiguamiando et du Curvarado, dont le PASC accompagne le processus depuis 2004, ont obtenu un jugement de la cour constitutionnelle ordonnant la restitution de leurs terres illégalement occupées par des mégaplantations de palme africaine. Les avocat-es de la communauté sont parvenu-es à documenter les liens entre ces projets de « développement », financés par l'État et les programmes d'aide internationale, et les structures paramilitaires toujours en place. L'enjeu de la palme dans le Choco s'est converti dans les dernier mois en un enjeu national portant sur la restitution des terres aux communautés paysannes, victimes des crimes paramilitaires.

Rappelons que le gouvernement du Président Santos, dans un effort pour se différencier de son prédécesseur (Uribe), entretient un discours en faveur de la restitution des terres, mais ses pratiques le contredisent. voir [Mêmes politiques, nouveau discours : d’Uribe à Santos c’est la continuité]

Sur le terrain, ces contradictions entre discours et réalité se vivent au jour le jour, entre invasion des terres, menace de mort et judiciarisation : Malgré l'ordre de la cour, les plantations de palme sont toujours là. Et depuis la mi-décembre 2010, plus de 200 hectares au sein du territoire collectif du Curvarado sont occupés illégalement par des envahisseurs protégés par les paramilitaires. Ces envahisseurs sont dans leur majorité des paysans originaires d'autres régions qui ne sont pas impliqués au sein des processus de résistance paysanne et qui sont prêts à accepter des projets de « développement ». Le but de leur installation sur le territoire est entre autres de « restituer » les terres aux communautés prêtes à négocier avec les entrepreneurs. Des représentants de compagnies de bananes seraient derrière cette nouvelle phase d'occupation des terres. Bien qu'une résolution d’éviction des occupants illégaux, ait été émise celle-ci n’a pas été appliquée, puisque la police de la région d’Uraba dit ne pas avoir la capacité en termes d’effectifs pour procéder à l’éviction.

En décembre dernier, un défenseur de droits humains de la Commission de Justicia y Paz, Fabio Ariza a dû, suite aux tentatives d’attentats contre sa personne, quitter la région du Bajo Atrato où il accompagnait, depuis plusieurs années, les communautés afro-descendantes. En avril 2011, Me Gisela Cañas, avocate des communautés en résistance de la région a reçu une menace de mort sur son cellulaire personnel. Son interlocuteur lui donnait 48h pour quitter le pays sans quoi elle serait abattue. La menace faisait clairement référence aux cas juridiques défendus par l’avocate. La stratégie judiciaire qui vise à priver de leur liberté les leaders reconnus des Conseils mineurs qui habitent les Zones humanitaires et Zones de biodiversité du Curvarado et Jiguamiando se poursuit. La série de montages judiciaires est orchestrée par les entrepreneurs de la palme. Depuis la mi-avril 2011, des troupes de paramilitaires armés de AK-47 sont présentes aux abords des villages des communautés en résistance. Malgré l'intensification des pressions, les communautés en résistance du Jiguamiando et du Curvarado poursuivent leur projet de vie et leur quête de justice.

La Piedra, no.8, été 2011.

Auteur.trice
PASC