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15/11/2011

Le contenu de la réunion ayant eu lieu à Bogota le vendredi 5 novembre entre le Gouvernement National et des délégués des conseils communautaires du Curvarado et du Jiguamiando s'est retrouvé dans les mains des paramilitaires au Choco.

Jeudi dernier, Raúl Palacio Salas, leader d'une communauté afrodescendante, s'est vu obligé à sortir d'urgence de la région dû au fait que les paramilitaires ont eu connaissance des opérations de dénonciation qu'il avait fait devant des fonctionnaires du Ministère de l'intérieur et du Ministère de la défense.

Le leader afrodescendant dénonçait au Gouvernement National les opérations paramilitaires qui se déroulent sous les yeux de la brigade 17 dans la région du Curvarado au Choco. Raul réitérait aussi des informations qui ont déjà été rendues publiques concernant les plantations de coca protégées par les paramilitaires, l'installation de laboratoires pour la transformation de la cocaïne, le transport de matériel liés à la transformation ainsi que la circulation de la cocaïne dans la région, le tout alors que la police et les militaires sont très présents.

Mercredi après-midi, les paramilitaires ont envoyé un message à Raul lui disant qu'il devait se réunir avec eux le jour suivant pour se justifier des accusations qu'il avait fait à Bogota. Ils ont mentionné qu'il ne pourrait pas nier puisqu'ils possédaient un vidéo de la réunion qu'il avait eu avec le gouvernement.

L'interception du dialogue entre le Gouvernement National et les leaders de la communauté par les paramilitaires a généré une forte préoccupation dans les conseils communautaires : « C'est évident qu'il n'y a aucune garanties, la force publique agit avec les acteurs illégaux », « On ne sait plus quoi faire » ont-il affirmé. Pour les communautés, il est évident qu'il n'existe aucun plan de protection et de confrontation des structures paramilitaires. Actuellement, on assiste à la consolidation du contrôle social, politique et économique entre Carmen del Darién, Belén de Bajirá et Mutatá.

Depuis avril, les paramilitaires ont assassiné 2 membres des Conseils Communautaires qui exigent la restitution de la propriété collective, alors que 2 autres sont portés disparus. Actuellement 37 leaders des communautés se trouvent menacés et plusieurs familles ont dû se déplacer.

D'autres exemples des opérations paramilitaires ont été constatés.

Durant plusieurs heures, le 6 novembre dernier, sur le fleuve Curvarado, entre le village de El Guamo et Caño Claro, le paramilitaire connu sous le nom « El Cucho » a installé un barrage empêchant tout type de transport. Ce même jour, un groupe de 50 paramilitaires a été vu se dirigeant en direction de la Zone Humanitaire « El Tesoro ».

Le 10 novembre, un groupe de paramilitaire a voulu aborder plusieurs habitants de la Zone Humanitaire de « Nueva Esperanza », lesquels ont préféré prendre le risque de fuir dans la forêt.

Hier, un groupe paramilitaire avec armes longues a traversé tout près de la Zone Humanitaire « El Tesoro » et nous avons su aujourd'hui qu'ils avaient monté leur campement tout près du refuge humanitaire.

De plus, des hélicoptères ont été entendus aujourd'hui près de El Limon, où depuis avril, les paramilitaires ont semé plus de 70 hectares de coca et installé au moins 2 laboratoires de transformation.

Les opérations armées et les agressions sont aussi faites par des groupes paramilitaires qui protègent les occupants de mauvaise foi à la solde des compagnies de palme et de bananes ayant envahi le territoire des communautés. José Builtrago Alzate, travailleur de la famille Argote, propriétaire d'une entreprise d'élevage extensif La Tukeka, sur le territoire collectif de Caracoli, Curvarado, a menacé la leader Liria Rosa Garcia en plus de la prendre en photo. La brigade 17 a refusé d'agir malgré les menaces évidentes, et ont eux aussi pris la leader en photo.

Malgré les réunions réalisées au plus haut niveau du Gouvernement et l'évidence de la situation de risque permanente que subissent les membres des conseils communautaires du Curvarado et du Jiguamiando, le gouvernement n'a pas adopté de moyens efficaces de confronter le paramilitarisme dans la région et la complicité de la brigade 17 est évidente.

De plus, le gouvernement n'a jamais adopté de mesures pertinentes pour protéger les droits à la terre des communautés afrodescendantes, comme l'exige le décret de la Cour Constitutionnelle de mai dernier et décembre 2010. Les plantations de bananes par les envahisseurs appuyés par les entrepreneurs de Banacol et par les paramilitaires; les pépinières de palme africaine « améliorée » et la poursuite des opérations d'élevage extensif sont quelques exemple de cette inaction orchestrée.  

Bogota, 15 novembre 2011, Comision Intereclesial du Justicia y Paz

Traduction du PASC

Communiqué de la communauté de Camelias, Rio Curbaradó

Communiqué du Conseil Communautaire Mineur de Camelias, Curvaradó, au Ministère de l'intérieur demandant la mise en oeuvre des engagements de celui-ci.

Messieurs; Ministère de l'Intérieur

Nous, les membres du Conseil mineur de Camelias, sommes reconnus comme propriétaires ancestraux du territoire par la loi 70 de 1993 et son décret réglementaire 1745 de 1995. Depuis le 13 décembre 2010 nous subissons une invasion de notre territoire. L'arrivée massive d'occupants de mauvaise foi a affecté l'utilisation traditionnelle du territoire ainsi que les cultures ancestrales. De plus, cette invasion cause des dommages environnementaux irréversibles, tel que la perte de forêts vierges et de milieux humides, et constitue une atteinte grave contre la vie de nos écosystèmes.

Apres avoir épuisé toutes les instances juridiques, la communauté a décidé d'initier une action de dignification le 13 octobre dernier, soit la réappropriation de son territoire, coupant ainsi les champs de culture des envahisseurs. Cette action a été annoncée préalablement au gouvernement exigeant une protection pour la communauté et une réaction du gouvernement dans les 48h. Le gouvernement a donc été contraint à convoquer une réunion le 14 et 15 octobre, réunion durant laquelle il a assuré que l'éviction réelle aurait lieu le 15 novembre 2011.

En espérant que les engagements pris par le gouvernement seront accomplis sans quoi la communauté continuera à organiser des actions de dignification.

Cordialement,

Conseil Communautaire de Camelias

Carmen del Darien Choco 15 de Nov. 2011